Lali

3 décembre 2005

Le sentiment du fleuve

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 18:51

sentimentdufleuve

Quand j’ai rencontré François Emmanuel au salon du livre de Montréal, il y a deux semaines, je voulais simplement lui demander s’il avait du temps à m’accorder, pas nécessairement le soir même, afin que nous puissions causer tranquillement, dans les jours suivants. Je ne m’attendais nullement à m’asseoir avec lui et à monopoliser son temps dès le soir d’ouverture du salon!

J’avais dans mon sac Le sentiment de fleuve, en cours de lecture. Le plus belge de tous ses romans, a-t-il souligné devant mon enthousiasme pour la littérature belge. Un roman insolite, qui tisse sa trame autour d’un disparu, de son neveu, des enquêtes de l’oncle et des personnages qui gravitent autour des deux, hors de l’ordinaire et troublants.
Presque une enquête policière que ce roman. Ou alors un sur les origines, sur ce qui lie les uns aux autres, sans qu’ils s’en doutent, sur ce qui fait qu’on est ce qu’on est, sans savoir pourquoi.
« Car les fins sont dans les commencements, les ascensions dans les chutes, les disparitions dans les coups de foudre, et l’effort à comprendre revient toujours à notre éblouissement de vivre. »

francoisemmanuel

J’ai repris depuis le roman à son début. Non pas pour trouver l’auteur dans ce qu’il raconte. Il s’agit ici de fiction, et le roman se dissocie de son créateur, même si celui-ci laisse des traces de lui-même dans ce qu’il écrit. J’ai repris le roman pour le traverser d’une seule traite, avec le souvenir d’une rencontre entre François Emmanuel et moi.
Il y avait foule, mais nous étions dans les mots, dans le partage, dans la passion de l’écriture, dans mon amour pour la Belgique, dans son plaisir de se retrouver à Montréal. Cette ville qui n’est pas foncièrement belle, mais dont il aime les contrastes et la chaleur. Pour parler d’écriture, il dira simplement « ça m’habite ». Réponse pleine de pudeur, qui m’a émue. Et qui me rejoint. L’écriture est quelque chose qui nous habite, ce ne sont pas là vains mots.

François Emmanuel habite Nivelles. Je lui ai fait part qu’un copain allait me faire visiter le parc de la Dodaine. Quel sourire quand il a entendu cela. Il a compris combien la Belgique et ses écrivains sont en moi. Je ne suis pas un modèle courant, je crois. Et tant mieux, je m’aime bien ainsi, avec mes particularités et mes différences.

Un jour, je prendrai un café avec François Emmanuel, qui m’a si gentiment accordé de son temps et qui cite volontiers Blanchot pour se définir: « L’insomniaque rend la vie présente ».

Comment j’ai appris le mot drache

Filed under: Petits plaisirs — Lali @ 12:06

scrabble

Scrabble: Jeu où le Q vaut encore plus cher que dans la vie de tous les jours.
(Jacques Sternberg)

Huit points, voilà ce qu’il vaut. Encore faut-il le placer… et avoir un U disponible, autant que possible.
Et ne pas se retrouver avec un tirage qui ressemble à JKQWXYZ !!

Femme de lettres et de mots, j’aime le scrabble depuis toujours. Pour le défi, pour apprendre, pour m’amuser, pour partager un moment. Pour séduire, à l’occasion. Quoi, vous n’avez pas encore essayé ? Ce n’est pas une valeur sûre, mais ça a son charme, je vous l’assure !! Le scrabble est un jeu, séduire en est un autre, et la vie le plus grand des jeux, alors…

Ceci dit, maintenant que je vous ai fait sourire, je n’ai pas un seul doute là-dessus, je dois avouer que depuis juillet 2003 le scrabble a pris un autre sens, maintenant que je peux jouer sur le net à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit et avec des gens de partout. Certains sont mauvais perdants, tricheurs ou râleurs. Mais ils ne constituent pas la majorité. Et heureusement !

Et quand on ne joue pas avec une machine mais avec des gens, et qu’on peut discuter en jouant, jouer prend un tout autre sens.
Parfois, on a envie de discuter sans jouer, de sortir de la salle de jeu, pour voir si nous avons des atomes crochus.

Le premier avec qui c’est arrivé, je le classe parmi les inclassables, parce qu’il se démarque des quatre autres. En effet, je ne l’ai toujours pas rencontré, celui-là. Il s’agit de Frédéric, qui vit à Lima. Toujours en contact, proches l’un de l’autre même si nous ne nous croisons pas souvent, nous resterons à jamais importants l’un pour l’autre. Même s’il déteste perdre !! Un de ces jours, je veux y croire, nous prendrons bien un café ensemble, dans une ville ou l’autre de la planète.

Les autres… comme par hasard – je n’y suis pour rien -, sont tous des Belges.
Jacques, d’Anthisnes, qui m’a reçue chez lui, et par l’entremise de qui j’ai rencontré plein de gens formidables. Sylvia, dite Sissi, la musicienne des carnavals, que j’ai rencontrée lors d’une grande fête, et que je reverrai au prochain voyage. Patricia, Ostendaise d’origine, qui a longtemps vécu à Tournai, et qui m’a invitée dans sa cabane au Canada, en pleine Mauricie. À elle, je dois d’avoir découvert Arno et Sttellla. Et même d’avoir participé à l’entaillage des érables au printemps, sur des raquettes, chez la cousine de Jean-Marc, son mari. Et Patrick, Bruxellois vivant à Montréal, qui dit que j’ai le regard qui tue. Vous savez ce que c’est, vous, un regard qui tue ?? Enfin, il est toujours vivant, ça ne doit pas être tout à vrai !

Voilà longtemps que je ne me suis pas offert une soirée scrabble sur le net ou sur table. Je vais devoir y remédier, avant d’avoir oublié tous les mots qu’on peut composer avec W !!

Et si jamais vous êtes des scrabbleurs, vous me trouverez sous belgiquebe (belgiquébécoise était trop long) sur WordBiz.
Là ou le Q vaut huit points.

Pas de Bruxelles en février

Filed under: États d'âme — Lali @ 7:33

foiredulivre

Il est doux de rêver, de se projeter dans le temps et dans l’espace… Et tant que le rêve est là, il nous porte et nous donne une raison d’avancer. Mais quand on n’y a plus accès, pour des raisons qui n’ont rien à voir avec nos compétences, que devenons-nous ? Quand il se voit reporté, peut-être, comment ne pas avoir un léger pincement au cœur?

J’ai rêvé de la foire de Bruxelles en février 2006. Je souhaitais tant me baigner de cette ambiance, rencontrer des gens, faire découvrir la littérature québécoise que j’aime tant aux lecteurs de ce pays que j’affectionne. Je le souhaitais tant. Mais il n’y aura pas de Bruxelles en février.

Heureusement, je peux encore rêver. Me souvenir de Bruxelles et d’ailleurs. Des amis qui ont fait de mes dernières vacances une suite de moments exceptionnels. Ouvrir mes guides et partir sans bouger de mon lit. La Belgique n’est pas à 6000 km, elle est en moi.

Il m’arrive de me demander comment ce pays, ses paysages, ses écrivains, sa peinture, sa musique, sa cuisine, les gens qui y vivent – et qui font partie de ma vie surtout – ont pu à ce point changer le cours de ma vie. Je sais seulement qu’il en est ainsi. Et que si février ne me permet pas de retourner en Belgique, l’été me le permettra.

Ce rendez-vous est inscrit. Et ne dépend pas de facteurs hors de mon contrôle.
Je serai là dans quelques mois. Pour un café, pour une promenade, pour un concert, pour un repas.
Et d’ici là, je serai ici, avec mes mots et mes images pour me raconter, pour vous faire part de mes trouvailles, de moments que je n’oublierai pas.

Bruxelles est reporté. Mais la vie n’attend pas.
Elle me tend les bras et je fonce!