Quand j’ai parcouru La rédaction, un album signé Antonio Skármeta — à qui on doit Une ardente patience, un livre magnifique — illustré par Alfonso Ruano, je n’ai pu m’empêcher de penser à Jose, dont la famille a fui le Chili alors qu’il était adolescent. Tant et si bien que Pedro, le héros de l’album, et Jose sont devenus une seule personne. Non pas parce que Jose a peut-être aimé le football dans sa jeunesse, mais parce qu’il a vécu cette même terreur, cette même angoisse que vit Pedro alors qu’a été arrêté le boulanger, le père de son ami Daniel, parce qu’il s’opposait ouvertement à la dictature.
Une peur sourde à mesure que l’enfant comprend que ses parents aussi sont des opposants au régime alors que soir après soir seuls ou en compagnie d’amis ils sont rivés à la radio qui grésille. Et quand on lui demandera d’écrire ce que font ses parents le soir, il rendra une rédaction qui sauvera ceux-ci. Je n’en dis pas plus. La rédaction, à qui l’UNESCO a décerné le Prix du livre de jeunesse sur la tolérance en 2002, devrait faire partie de toute bibliothèque ouverte sur le monde.