Depuis une dizaine d’années, le dramaturge Pascal Brullemans fait régulièrement parler de lui, tant ici qu’à l’étranger, en accumulant prix après prix pour chacune de ses pièces destinées aux adolescents. Vipérine, présentée à la Maison Théâtre cet hiver, ne fait pas exception. Elle a reçu en 2013 le prix Jeune public des Journées des auteurs de Lyon.
L’auteur, n’ayant pas peur des défis, a choisi de passer au roman et a publié en mars dernier La ballade de Vipérine, un roman d’une centaine de pages destiné aux huit ans et plus. Or, si adapter un roman pour en faire une pièce de théâtre n’est pas rare, l’inverse l’est. Et le résultat, dans ce cas-ci, n’est pas des plus heureux.
Le travail d’adaptation a été réduit au minimum et les didascalies ont été transposées telles quelles sans être étoffées, si bien que le résultat n’est qu’un calque de la pièce qui l’a inspiré. De plus, tout ce qui manquait au spectateur de détails sur les personnages et qu’il aurait été en droit d’espérer retrouver ici est absent. Dommage.
Je me suis donc butée aux mêmes questions soulevées par la pièce et me suis aussi retrouvée face à cette impression d’être passée à côté de quelque chose. Est-ce parce que, pour faire face à la réalité, soit le décès de la sœur ainée de Vipérine, il faille passer par des images oniriques et un narrateur qui personnifie la Mort, plutôt qu’affronter ses démons et ses peurs, que je n’ai pas accroché? Fort possible. Et si c’était plutôt la ressemblance avec le roman d’Annabel Pitcher, Ma sœur vit sur la cheminée?
Que ce soit à cause de l’une ou l’autre des raisons, ou même les deux, j’ai eu autant de mal avec le faux roman que la pièce elle-même. Et pourtant, le sujet m’intéressait. Il y a tellement peu de livres qui abordent la mort d’un enfant et encore moins qui s’adressent aux enfants eux-mêmes.
De plus, je suis demeurée quelque peu perplexe quant au surnom de l’héroïne. La vipérine utilisée en pharmacopée pour calmer la toux est parfois une plante envahissante. Or, c’est davantage la défunte que Vipérine qui est envahissante, l’urne renfermant ses cendres trônant au milieu du salon et faisant l’objet d’un culte que Vipérine a décidé de cesser en la jetant dans le fleuve.
Espérons que, lors de la réédition, l’éditeur et l’auteur retravailleront le texte afin d’en faire un vrai roman. Les enfants ne lisent pas de théâtre.
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