Lali

30 juin 2007

Quand j’aurai cet âge

Filed under: États d'âme,Couleurs et textures — Lali @ 23:37

schroder

Et quand j’aurai l’âge de l’écrivaine de Sierk Schröder, viendra-t-il des moments où écrire me manquera tellement qu’il faudra que je me précipite sur le papier ou devant l’écran ? Aurai-je, comme je l’ai ce soir, parce que j’ai passé la journée à autre chose qu’écrire, une envie de nuit blanche, de mots et de toiles ? Ou bien n’aurai-je plus rien à raconter ? Je n’imagine pas ce jour où je deviendrai muette, où l’encre se taira au bout de ma plume, mais je sais que c’est une chose qui peut arriver, même si depuis mes quinze ans, elle ne s’est jamais tarie. Mais pas ce soir, pas cette nuit, où toutes ces toiles m’invitent à les raconter, où je croque des biscuits venus de Bruges et offerts par Armando, cette nuit où la musique est là.

Le lecteur de la nuit

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 22:42

powell

Il aime le désordre de certaines fins de semaines où il vit à l’envers, dormant une partie de la journée pour pouvoir par la suite profiter du silence de la nuit. Il aime ces nuits entières en compagnie d’un livre qu’il traversera de la première à la dernière ligne, sans fatigue, alors que les bruits ont cessé, sauf peut-être celui d’une sirène au loin de temps en temps. Rien de ces bruits agressants comme ceux qui l’ont fait se coucher pour les oublier. Plus personne qui ne crie dans la cage de l’escalier en montant des meubles. Plus rien de tout cela. Les nouveaux arrivants doivent être épuisés et dormir. Et le lecteur de Jerrie Powell peut enfin profiter du silence.

Pour combler la fringale

Filed under: Le plaisir des papilles — Lali @ 12:38

plantain chips

Le danger, quand je rentre des courses chargée de victuailles toutes plus tentantes les unes que les autres et affamée, est que je me précipite sur mes achats au lieu de les ranger. Pour éviter la chose, j’ai pensé prendre des chips de bananes plantains, lesquelles j’ai d’abord mises dans un bol afin de grignoter sans faire un sort à mon épicerie de la semaine. Les abricots, les sardines, les raisins verts, les cerises de France, les mangues, le Boursault, les olives noires farcies au fromage bleu, la chair de crabe, les filets de sole aux crevettes, les carottes, les ananas séchés, le goberge, le chocolat, la mousse de homard et le pain aux olives ont ainsi échappé à ma fringale, celle-ci rassasiée par les chips de bananes plantains. Cette collation antillaise et hypocalorique, c’est simple : c’est du bonheur en sachet.

29 juin 2007

Émerveillement

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 23:07

xiao peng

Il y a dans les toiles représentant des enfants qui lisent, comme celle du peintre Xiao Peng, quelque chose d’attendrissant. Il y a dans les photos où on les voit lire plus que du bonheur. Il y a sur les visages des enfants qui tournent les pages toutes les expressions. Les enfants savent s’émerveiller et nous émerveiller.

Prête

Filed under: Mes histoires belges — Lali @ 22:29

atlasdelabelgique

J’étais prête pour mon arrivée en Belgique il y a deux ans, aujourd’hui. J’avais appris quelques mots de wallon, lu sur l’histoire de la Belgique et de la Wallonie, traversé moults guides touristiques de toutes sortes, et même l’Atlas de la Belgique, pour en savoir le plus possible sur ce pays dans lequel j’allais vivre et voyager pendant 18 jours. J’allais passer de l’attente et du rêve à la réalité. J’allais enfin goûter de vraies frites belges et entendre ces accents qui ont parfois des airs des nôtres. J’allais enfin voir Ostende du roman de Jacqueline Harpman, j’allais enfin marcher dans le Bruxelles de Brel, j’allais découvrir de près l’humour surréaliste des Wallons qui ont tous un peu de Sttellla en eux.

Pas une minute, je n’ai été déçue. J’ai été chez moi tout de suite, comme j’ai été chez moi à Paris ou en Bretagne. Mais peut-être encore plus en Belgique que dans ces deux endroits que j’affectionne presque démesurément. Ceux qui m’attendaient ne m’attendaient pas qu’un peu, tout comme ceux qui m’attendent aujourd’hui, encore plus nombreux qu’il y a deux ans.

Et parce que la vie est ainsi faite, et que rien n’arrive pour rien, comme pour souligner cet anniversaire, j’avais au courrier du jour une invitation de la délégation Wallonie-Bruxelles au Québec pour le cocktail précédant la soirée wallonne du Festival Juste pour Rire, le 13 juillet. Événement auquel j’ai participé en 2006 en tant que bénévole et en 2005 pour applaudir Cré Tonnerre. Belle façon de me confirmer que je fais partie des amis des Wallons au Québec.

La lectrice qui regarde le ciel

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 21:31

malnovitzer 2

Elle a laissé ouvert le livre pour regarder le ciel qui se fait de plus en plus incertain. Elle voudrait bien qu’il ne pleuve pas, mais tout semble indiquer le contraire. La lectrice de Zvi Malnovitzer est si bien sur son banc qu’elle n’a pas envie de le quitter. Pas plus que je n’avais envie de fermer les fenêtres tout à l’heure lorsque le ciel est devenu noir tout d’un coup et que le vent est entré, venu de toutes les directions. Mais je n’ai pas eu le choix, la pluie a suivi. Le livre est resté sur le sofa. Il attend que j’ouvre à nouveau les fenêtres.

La beauté selon Rodin

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 20:54

dalou

Il n’y a réellement ni beau style, ni beau dessin, ni belle couleur : il n’y a qu’une seule beauté, celle de la vérité qui se révèle. [Auguste Rodin]

Et cette vérité qui se révèle, elle est là, dans la beauté éclatante, indécente, impudique de cette lectrice sculptée par Aimé Jules Dalou, contemporain de Rodin.

Elle est là, cette vérité, mais aussi ailleurs, hors de l’art, au pays des mots, dans une simple déclaration d’amour.

La comédienne

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 20:40

lesrel 1

Elle tient le livre à bout de bras, comme s’il s’agissait d’une scène qu’elle déclame ou d’un poème qu’elle tente de mémoriser. La lectrice d’Adolphe Alexandre Lesrel a tout d’une actrice. Ou du moins fait-elle dans le genre.

Curieusement, cela me rappelle une comédienne que j’ai bien connue autrefois. Qui possédait un talent certain pour le drame au quotidien, mais pas pour la scène. Peut-être aurait-elle dû poser comme modèle, ce qui lui aurait permis d’être une héroïne de tragédie pour l’éternité?

En traversant la rue

Filed under: Mon Montréal,Signé Lali — Lali @ 15:08

29juin1

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Je sortais de chez Mimi, ma coiffeuse. Je regardais le ciel bleu et les quelques rares nuages. Je pensais à la brochette de poulet que j’allais manger en rentrant. Tout allait merveilleusement.

Et tout est allé encore mieux. Le terre-plein qui sépare la rue était paré d’un magnifique tapis de fleurs.

Les clients

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 7:05

tubau 1

Il a été le premier de la journée. Il lui fallait son journal pour aller lire au café. Il n’a pas traîné parce qu’il avait hâte de s’installer pour le dévorer. Peut-être a-t-il un peu discuté, mais vraiment pas longuement.

tubau 5

Une heure plus tard, celui-ci est entré. Il partait à la plage. Il lui fallait quelque chose qui allait l’empêcher de s’endormir en plein soleil. Ça a fait sourire la libraire. Et probablement qu’il a souri aussi. Et qu’il continue de sourire là, près de l’eau, alors qu’il est plongé dans ce qu’elle a trouvé pour lui et qui va au delà de ses espérances. Le livre le tient plus qu’éveillé, il est passionnant.

tubau 3

Il est entré tandis que l’autre sortait. Il n’est pas resté longtemps : il savait exactement ce qu’il voulait et il avait hâte de partir pour la plage. Et le voici assis à quelques mètres du lecteur qui ne voulait pas s’endormir. Ils ont même peut-être roulé l’un derrière l’autre. Ils ont peut-être des fils du même âge qui jouent en ce moment ensemble, pas loin. On peut même penser qu’ils finiront par se parler et qu’ils s’amuseront de leur itinéraire du jour en tous points identique.

tubau 2

Elle a trouvé le conseil farfelu, mais s’est dit pourquoi pas. Elle ne savait pas ce qu’elle voulait. Un roman, un récit de voyage, un essai, une biographie? La libraire avait bien tenté de l’aider, mais la cliente ne savait vraiment pas ce qu’elle avait de lire. Jusqu’à ce qu’elle suggère à la lectrice en quête d’ouvrir un livre puis un autre au hasard, de lire quelques lignes et de repartir avec celui qui l’aura séduite. Et c’est ce qu’elle a fait. Il en fallu une vingtaine. Et puis, le coup de foudre pour une phrase. Puis pour la suivante. Et pour le paragraphe en entier. Et la voilà debout, alors que le thé infuse, le livre entre ses mains, comme un cadeau inespéré. La séduction opère toujours.

tubau 4

C’est la dernière cliente de la journée. Venue chercher un livre commandé pour l’offrir à un ami. Un livre qu’elle a lu il y a longtemps et que la libraire a lu aussi, de telle sorte qu’elles ont échangé longuement sur ce livre, sur cet auteur si peu connu dont l’écriture les a toutes deux bouleversées. Elle n’a pas voulu de sac. Peut-être que quelqu’un allait lui demander en chemin Que lisez-vous? et qu’elle aurait le bonheur de le faire découvrir.

Les lecteurs de Victoria Tubau ne se connaissent pas, mais ils ont en commun une librairie et une libraire. Peut-être même une qui ressemble à celle que j’ai été.

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