Catherine Lefebvre, nutritionniste qui a parcouru le monde à titre de chef de mission humanitaire, auteure du livre de recettes Les carnivores infidèles, s’est largement inspirée de ses voyages et des jeunes femmes croisées au cours de ceux-ci ou faisant partie de son entourage pour écrire De l’utilité de voyager léger, un roman qui met en scène Elsie, une trentenaire libre et sans attaches.
À l’heure où il suffit d’avoir un passeport en règle, du temps devant soi et suffisamment d’argent pour se le permettre, partir au bout du monde n’est pas un problème. Il faut juste choisir la destination et réserver en ligne. C’est ce que fait Elsie à plusieurs reprises au cours du roman, parfois en quête d’exotisme et de dépaysement, d’autres fois pour rejoindre l’homme du moment, souvent pour oublier, mais aussi pour donner un sens à sa vie.
La jeune femme que nous propose Catherine Lefebvre ressemble à beaucoup d’autres, qui cherchent ailleurs ce qu’elles ne trouvent pas (ou plus) ici, à savoir un homme qui serait suffisamment romantique pour la faire craquer, saurait la combler au lit, n’aurait pas peur de s’engager et aurait envie de changer (un peu) le monde.
Mais l’herbe est-elle plus verte ailleurs? Les hommes sont-ils si différents d’un pays à l’autre quand il s’agit d’aller au-delà du moment présent? Elsie, prête à tout pour trouver chaussure à son pied, n’hésite pas à parcourir des kilomètres pour trouver cet homme-là (Portugais, de préférence, en souvenir de l’amoureux de ses dix ans, si romantique) ou oublier sa plus récente déception. Mais il lui est difficile de céder à la tentation : elle ne rencontre que des hommes hors de l’ordinaire sur sa route! Et comme elle a un cœur d’artichaut, un battement de cil, un compliment ou une voix de velours suffisent à embraser son corps et son imagination, tant et si bien qu’elle tombe amoureuse chaque fois qu’elle pose son sac de voyage quelque part.
Est-ce parce qu’elle n’a eu de modèle masculin dans sa vie qu’un père qui a pris la poudre d’escampette à sa naissance qu’il lui faut toujours tomber sur des hommes du même acabit? Elsie se pose souvent la question. Mais ses amies font face au même constat. Les hommes sont toujours exceptionnels au départ et décevants à la longue, qu’ils habitent la rue voisine ou à l’autre bout de la planète.
Catherine Lefebvre n’est pas tendre pour les hommes dans De l’utilité de voyager léger. Ne le sont pas davantage bien des femmes de mon entourage, ce qui me donne à penser que ce roman touchera de nombreuses lectrices qui se reconnaîtront dans le personnage d’Elsie ou de l’une de ses amies tout autant désabusées. Peut-être un peu moins celles qui préfèrent un ton et une écriture à une suite de faits s’enchaînant sans aller plus loin, car De l’utilité de voyager léger constitue avant tout un divertissement.
Titre pour le Défi Premier Roman
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