Les vers d’Éluard 1
Voilà près de trente ans que j’ai caressé pour la première fois la couverture du recueil de Paul Éluard, dans la collection Poésie de Gallimard, qui réunit Capitale de la douleur et L’amour la poésie. Le papier a jauni et il s’ouvre au beau milieu, mais il n’a perdu aucune de ses pages ni de sa splendeur. C’est donc ce recueil tant aimé que j’ai laissé sur la table ce soir pour les lectrices qui viendront jour après jour s’abreuver de poésie, à commencer par la lectrice du peintre George Van Hook qui n’est pas restée insensible aux vers du poète et qui a choisi de vous faire lire ceci :
La parole
J’ai la beauté facile et c’est heureux
Je glisse sur les toits des vents
Je glisse sur le toit des mers
Je suis devenue sentimentale
Je ne connais plus le conducteur
Je ne bouge plus soie sur les glaces
Je suis malade fleurs et cailloux
J’aime le plus chinois aux nues
J’aime la plus nue aux écarts d’oiseau
Je suis vieille mais ici je suis belle
Et l’ombre qui descend des fenêtres profondes
Épargne chaque soir le cœur noir de mes yeux.