Lali

28 février 2013

Au pays de la poésie yiddish 7

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

Les étoiles me sont chères

Toute étoile est chère à mes yeux
Pour la pureté de son feu
Pour son vol parmi des milliers,
Pour son éclat particulier,
Parce que sa clarté profonde
Dans chaque goutte peut se fondre.

Toute étoile est chère à mes yeux
Car jamais n’est double son feu
Quand elle offre à l’eau sa lumière,
Rien n’est plus sombre ni plus clair
sur la route longue et dorée
Qui monte jusqu’à l’empyrée.

Toute étoile est chère à mes yeux
Tant son ordre est vertigineux,
Je trouve mesure pour elle,
Mais sa lumière en moi se perd
Car elle appartient à la terre
Tout comme elle appartient au ciel.

Shmule Halkin (1897-1960)
(Anthologie de la poésie yiddish)

*choix de la lectrice de Colin Price (dont toute trace a disparu)

Brise glace

Filed under: À livres ouverts,Pour petites mains — Lali @ 20:08

J’aimais le repli d’Aurélien. Son silence. Sa solitude volontaire. Sans que je sache les raisons de celle-ci. Puis, j’ai aimé l’intérêt d’un élève de sa classe pour cet être fragile, portant un lourd secret que la poésie arrivera peut-être à faire jaillir. Car c’est là l’intention de Thibaud. Sortir Aurélien de son mutisme grâce au slam.

Mais fallait-il que Thibaud connaisse le secret d’Aurélien à cause d’un article dans le journal? Qu’il choisisse de pousser l’adolescent à le dire tout haut pour s’en défaire? Fallait-il vraiment qu’une trahison s’ajoute à cette douleur avec laquelle Aurélien vit depuis des années?

J’avoue que jusqu’à ce que je découvre les véritables intentions et motivations de Thibaud, qui voit là l’occasion de faire une bonne action, je m’étais laissée porter par l’histoire, par les personnages, notamment ceux qui animent et fréquentent des soirées de slam. J’avoue aussi qu’à partir du moment où j’ai compris ce qui se passait, j’ai eu beaucoup moins d’intérêt pour le roman.

Et pourtant, l’idée de réussir à sortir de soi grâce à la poésie et à l’amitié était belle.

Pourquoi alors faire d’un drame un mélodrame?

Ce que mots vous inspirent 871

Filed under: Ce que mots vous inspirent,Couleurs et textures — Lali @ 8:00

Tout le monde a des démons. La question est simplement de savoir jusqu’où ces démons restent tolérables. (Joël Dicker)

*illustration de Chase Wills

27 février 2013

Au pays de la poésie yiddish 6

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

Il ne faut pas

Pour toi je fais silence avec toutes les voix.
Est-ce que tu m’entends?

Je m’embrase pour toi de cela que je cache.
Est-ce que tu me vois?

J’ai le désir de toi par tout mon interdit.
Est-ce que tu me veux?

Pour toi je fais silence.
Pour toi je fais silence avec toutes les voix.

Malka Heifetz-Tuzman (1896-1987)
(Anthologie de la poésie yiddish)

*choix de la lectrice de Nita Jawary

L’amour secret

Filed under: À livres ouverts — Lali @ 19:31

J’avais beaucoup aimé L’amour est à la lettre A de Paola Calvetti. Surtout pour la librairie que l’auteure avait créée et qu’on voudrait trouver dans chaque ville.

Je n’ai pas été la seule dans cette situation. Toutes celles à qui j’ai fait lire le livre ont apprécié leur lecture et il s’est vendu des milliers d’exemplaires de ce titre dans plusieurs langues. Flairant la bonne affaire, c’est-à-dire des ventes massives occasionnées par des achats impulsifs, l’éditeur français de Paola Calvetti s’est empressé d’acquérir les droits de son précédent (et premier) roman, L’amour secret, et de de le mettre sur le marché.

Or, ce premier roman ne méritait ni une traduction vers le français ni la mise en marché auquel il a eu droit. En effet, L’amour secret, qui a pour point de départ des lettres d’amour envoyées à son amant, un célèbre violoncelliste, par celle qui a été son amante pendant des années, lesquelles ont été trouvées par une de ses filles, a peu d’intérêt et n’a rien à envier à certains romans à l’eau de rose.

C’est donc par une lettre de Costanza que s’ouvre le roman, celle-ci destinée à sa meilleure amie, afin de lui raconter la visite de la fille de l’homme qu’elle a tant aimé, venue lui remettre les lettres dont elle copiera de longs bouts. Une rencontre qui se passe magnifiquement bien (comme dans les livres, me dit une petite voix pas loin) et qui permettra à Costanza de mettre un point final à cette histoire d’amour puisque celle-ci n’a fait que disparaître sans jamais rompre, il y a de cela près de quarante ans.

Les bons sentiments n’ont pas souvent été à même de faire de la bonne littérature. Nous en avons à nouveau la preuve. L’amour secret aurait mieux fait de rester secret.

Titre pour le Défi Premier Roman

et pour le Challenge Des notes et des mots challenge-des-notes-et-des-mots-4.jpg

Cantos da Babilónia

Filed under: Trois petites notes de musique — Lali @ 12:12

Il y a un peu plus d’un an s’éteignait le compositeur et chef d’orchestre portugais de renommée internationale Pedro Osorio, membre des groupes Quinteto Académico et Trio Barroco.

Son dernier opus, Cantos da Babilónia, paru en 2011, réunit des arrangements inspirés par des musiques de divers pays.
Voici donc Da Terra se faz a Vida (Beira Baixa, Portugal) :

et Memórias de Todas as Cores (Vietnam) :

Ce que mots vous inspirent 870

Filed under: Ce que mots vous inspirent,Couleurs et textures — Lali @ 8:00

En idéalisant, nous devenons aveugles face à l’évidence qui est sous nos yeux , tandis que l’isolement interdit à toute autre personne de mettre en évidence les faits. (Jack Kornfield)

*toile de John Strickland Goodall

26 février 2013

Au pays de la poésie yiddish 5

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

Brouillard de la tribu

Brouillard où s’enrobe la nuit dans le voile de la pensée,
De chaque lanterne soudain la puissance s’est décuplée,
On n’aperçoit aucune étoile et la lune s’est éclipsée.

S’étend le brouillard qui a le pouvoir de refermer les yeux,
Le brouillard est chauve-souris qui plane, descendant des cieux,
En nous-mêmes nous nous tendons et nous marchons pliés en deux.

Grandes ailes grises mouillées dont le destin nous fit offrande,
Caravansérail de Satan — et c’est à lui qu’elles ressemblent —
Et vois mon ami : après nous plus aucune ombre qui s’étende.

Et le brouillard s’emplit de voix, de paroles, une rumeur,
Et nous sommes au paradis, autour de nous c’est le bonheur,
La pomme de la connaissance prend à nos yeux d’autres couleurs,

Effrayant, dis-tu? Le brouillard est cruellement sans mémoire,
Le bonheur ressemble à présent au couteau sacrificatoire,
Je ne le vois plus! Contre moi, plus fort et plus près, blottis-toi…

Moshe Broderson (1890-1953)
(Anthologie de la poésie yiddish)

*choix de la lectrice d’Antonio Delle Vedove

Livre nécessaire?

Filed under: À livres ouverts — Lali @ 19:39

L’enfant dont il est question dans Mon enfant de Berlin n’est nulle autre qu’Anne Wiazemsky, petite-fille de François Mauriac, née à Berlin. Une enfant qui ne naîtra qu’à la toute fin de ce roman inspiré par la propre vie de sa mère, Claire Mauriac, ambulancière pour la Croix-Rouge à Béziers en 1944 puis à Berlin où elle rencontrera un prince russe qu’elle finira par épouser même s’ils sont le jour et la nuit.

Si le livre n’est pas sas intérêt, notamment à cause de l’alternance entre narration et correspondance (lettres que Claire envoie à sa mère pour la plupart), il n’en reste pas moins que le choix de l’auteure de faire de la fiction à partir de la vie de sa mère donne un roman froid, presque superficiel, dont l’écriture est somme toute assez convenue. Berlin ne sera qu’une toile de fond alors que l’occasion aurait été belle de tisser un véritable portrait de celle qu’on a découpée en quatre zones. Mais il aurait fallu pour cela une volonté de l’auteure de se livrer à autre chose qu’à l’écriture de l’histoire d’amour de ses parents.

On retiendra les migraines de Claire, ses précédentes amours déçues, le fait qu’elle a presque trente ans. On retiendra de Wiaz son goût pour l’excès, son sens de la fête et son amour fou pour celle qui devint sa princesse. On retiendra aussi le regard de leur fille quelque 60 ans après, n’osant pas s’approcher de trop près, restant dans les limites permises. On ne touche pas aux idoles.

Et on se demandera si ce livre était nécessaire. Si l’autofiction n’est pas trop à la mode en ce moment.

Les lecteurs d’Anna B.

Filed under: Couleurs et textures,Les trouvailles de Lali — Lali @ 11:56

J’aime me promener sur la toile. J’y fais sans cesse des découvertes. Ainsi, les illustrations de l’artiste italienne Anna Burighel. De quoi oublier l’hiver!

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