Poésies des femmes 13
Pâleur de l’amour
Les quatre murs de l’amour sont chaulés par la mort
quand la chair brille du remuement de la présence,
comme la prolixité ardente de la neige ensoleillée;
toute femme belle est l’étrangère du cri familier,
comme la mort, voyagère à toute rive assurée,
mort sous-jacente et moins profonde que la douleur.
Pâleur de l’amour dissous dans sa propre puissance
et la chair épouse les distances simultanées de l’esprit,
pâleur assermentant mieux l’amour que toute parole aspirante.
Femme, toutes les sources sont en toi par l’amour,
comme la terre toutes ses racines lacustres par la neige;
la neige et la mort égaliseront leur cire à la terre,
toi, n’abrite point ta pâleur, très pure prodigalité.
Rina Lasnier
(dans Anthologie de la poésie des femmes au Québec des origines à nos jours de Nicole Brossard et Lisette Girouard)
*choix de la lectrice de Denis Chiasson