Avec le nombre d’inepties de toutes sortes entendues depuis une semaine, il est temps que j’alimente cette rubrique quelque peu délaissée depuis trois ans pour y déverser celles-ci, car il vaut parfois mieux se taire et ouvrir un livre au hasard quand on a droit à des horreurs que de mettre de l’huile sur le feu.
Il vaut mieux lire qu’entendre ça reprend donc du service pour les besoins de la cause. La cause? Quelle cause? Dénoncer les préjugés, les affirmations sans fondement, les jugements à l’emporte-pièce, les faussetés galvaudées de toute part, sans pour cela les régler. Mais pour s’en libérer.
Ainsi, il y a quelques jours, j’ai ouvert le dictionnaire pour chercher n’importe quel mot au hasard pour éviter d’exploser. Je venais une fois de plus d’entendre une ineptie. Un jugement de valeur bâti sur de l’air et des préjugés. Le genre de phrase toute faite que certaines personnes ont facilement aux lèvres et qui me fait ordinairement sortir de mes gonds.
J’ai donc appris entre deux bouchées de salade qu’un certain G., acteur bien connu, allait épouser une avocate d’une quinzaine d’années sa cadette. Il en avait fini avec les serveuses de restaurant. Tout de même, un acteur comme lui, ça vaut mieux qu’une serveuse! Et une avocate, c’est nettement mieux qu’une serveuse.
Bien entendu. Mais où ai-je la tête? C’est là une évidence… évidente. Pour elle. Elle qui a oublié que l’acteur en question a été plongeur à une certaine époque. Qu’il a eu de la chance. Et que les qualités du cœur n’ont rien à voir avec le métier qu’on fait, le salaire ou le standing.
Je me suis tue. Le dictionnaire venait de confirmer ce que je savais déjà. Ma collègue est bel et bien une snob, soit quelqu’un « qui affecte et admire les manières, les opinions qui sont en vogue dans les milieux qui passent pour distingués et qui méprise tout ce qui n’est pas issu de ces milieux ».
Une avocate mieux qu’une serveuse? Il vaut mieux lire qu’entendre ça.
*sculpture de Catherine Ducreux