Lali

4 juin 2025

Chère Linou

Filed under: À livres ouverts — Lali @ 19:17

Il y a un moment que je n’avais lu un livre aussi lentement même si j’ai été tentée de le dévorer. Oui, lentement, à petites doses, parce que je ne voulais pas arriver à la fin trop rapidement.

Dès les premières pages, j’ai été conquise. J’ai instantanément aimé Mimi et Linou. Mimi, qui écrit des lettres à Linou, sa petite sœur, qui n’a jamais vécu que dans le cœur de ses parents et de Mimi puisqu’elle est morte dans le ventre de sa mère. Des lettres qu’elle écrit la plupart du temps sur une vieille machine à écrire comme je les affectionne. Des lettres où elle se raconte, où elle se livre sans fausse pudeur, où elle parle du manque de cette sœur absente, de la séparation de ses parents, de sa grand-mère adorée qui commence à en oublier des bouts, de son cœur qui s’emballe quand elle croise son voisin, de sa meilleure amie tellement différente d’elle, mais dont elle ne peut se passer, de tout ce qui lui pèse, de ce qui la fait vibrer.

J’ai aimé aussi la mise en page et la police de caractère. Et l’écriture elle-même, pleine d’images. Et l’émotion qui se dégage de chacune de ces lettres qui commencent par Chère Linou, qui m’ont rappelé les Chère Kitty d’Anne Frank, dont le journal demeure un des livres les plus marquants de ma vie. Mais là s’arrête l’analogie.

L’inoubliable, qui s’adresse à un public adolescent, bien qu’il ne se limite pas à celui-ci, puisqu’il saura toucher quiconque y plongera, est un roman inoubliable. J’admets, le jeu de mots est facile. Mais c’est réellement le qualificatif qui lui va comme un gant.

Si vous n’avez pas peur de vous laisser attendrir, si vous avez envie d’avoir l’âge de Mimi pendant quelques heures, si vous aimez la littérature épistolaire, peut-être aurez-vous envie de lire L’inoubliable.

Et même si vous n’éprouvez aucune attirance pour ce genre de roman, tentez le coup, ne passez pas à côté, vous ne le regretterez pas. Je vous l’assure. Lou Beauchesne a signé ici un roman remarquable.

26 mai 2025

Une belle histoire

Filed under: À livres ouverts,Pour petites mains — Lali @ 19:39

J’adore tout ce qui porte sur les livres, les écrivains, les bibliothèques, les lecteurs, les livres, les éditeurs. Je crois que vous l’avez compris si vous visitez le pays de Lali depuis un moment. Je ne pouvais donc qu’être attirée par l’album Le samedi au Paradis, destiné auc lecteurs débutants, lequel porte sur une bibliothèque de Bogota, créée à partir de livres trouvés dans les poubelles des quartiers riches de la capitale de la Colombie.

C’est José Alberto Gutierrez, un éboueur amoureux des livres, qui est l’instigateur de ce fabuleux projet de recycler des livres dont on ne veut plus afin de les proposer au prêt dans une bibliothèque ouverte tous les samedis. Pour le jeune José, l’autre José de cette histoire, samedi est le jour qu’il attend toute la semaine. Le jour oû il choisira parmi les centaines de livres recueillis celui qui lui tiendra compagnie pendant sept jours.

Écrit par Angela Burke Kunkel et illustré par Paola Escobar, Le samedi au Paradis relate l’histoire de ces deux José qui se retrouvent tous les samedis au Paradis, nom affectueux que porte cette bibliothèque hors de l’ordinaire, qui a valu à son créateur des prix et une renommée mondiale. Une belle histoire, d’autant plus belle qu’elle est vraie.

De moins en moins de livres se retrouvent à la poubelle depuis quelques années. Des boîtes à livres ont surgi dans les rues et même sur notre lieu de travail. Des boutiques qui récupéraient au départ principalement de quoi se vêtir et se chausser de même que des articles de maison recyclent aussi des livres et ont même ouvert des librairies pour que la vie de ces livres se poursuive.

L’inititative de José Alberto Gutierrez s’inscrit dans cette démarche de sauver les livres qui est une préoccupation à l’échelle mondiale. Et pour cause. On ne devrait jamais jeter des livres.

28 avril 2025

Anne Frank, toujours

Filed under: À livres ouverts,Pour petites mains — Lali @ 17:23

J’avais 10 ans quand j’ai lu son journal. C’est le dernier livre que mon grand-père m’a offert. C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles l’histoire d’Anne Frank a été si importante dès la première lecture et pendant toute mon adolescence. Je rêvais comme elle de devenir écrivaine, et c’est à cause d’elle que j’ai tenu mon journal quotidiennement pendant vingt ans. J’ai même porté une barrette du côté droit tout comme elle.

Je n’ai jamais vécu ce qu’elle a vécu. Mais comme j’aurais voulu la connaître si nous étions nées à la même époque et si sa vie n’avait pas été fauchée prématurément.

Plus tard, j’ai lu de nombreux livres qui portaient sur elle, sur les camps de concentration, sur les résistants, particulièrement des témoignages. Probablement en raison de cette lecture de départ dont nous parlions mon grand-père et moi au téléphone quand il était à l’hôpital. Nous projetions même d’aller à Amsterdam ensemble, nous ne pouvions penser qu’il vivait son dernier automne.

Anne Frank est un peu partout dans mes pages. Dès 2006. Dans ce billet qui demeure un de ceux dont je serai toujours fière. Dans celui-ci. Et aussi dans ce compte rendu. Et dans cet autre encore, datant de 2019.

Sachant cela, vous ne serez pas étonnés que j’aie emprunté cet album jeunesse à la bibliothèque quand je l’ai repéré dans un étalage suggérant des titres portant sur la Seconde Guerre mondiale. Et quelle réussite que cet album écrit par Isabel Thomas et illustré par Paola Escobar.

Un album à offrir aux jeunes qui ne connaissent pas Anne Frank. Et même à celles et ceux qui ont déjà entendu parler d’elle. Pour souligner les 80 ans de la fin de cette guerre qu’on ne doit pas oublier, pas plus qu’aucune autre. Un album qui est une réussite totale, tant pour la narration et le contenu historique que pour la facture. Un livre qui ouvre sur le monde, un livre comme il en faut toujours davantage.

27 mars 2025

Des personnages attachants

Filed under: À livres ouverts,Pour petites mains — Lali @ 19:03

Dès les premières pages de Florence & Léon, j’ai été conquise, rien de moins. Il faut dire que ces deux personnages sont très attachants. Florence, même si elle a un problème aux poumons qui l’empêche de respirer à fond. enseigne la natation. Léon, qui n’a pas une bonne vue, est agent d’assurances.

C’est en raison d’une collision qu’ils font connaissance. Et c’est devant un café glacé et un jus mangue et melon qu’ils re racontent, et qu’ils parlent de ce qui les empêche de vivre à plein. Manquer d’air, pour Florence, c’est comme respirer à travers une paille. Ne voir qu’en partie, pour Léon, c’est un peu comme voir ce qui l’entoure à travers une paille.

Et si l’un et l’autre s’entraidaient et faisaient en sorte que les carences de l’un soient compensées par les forces de l’autre? Une histoire qui m’a rappelé mes parents qui, en vieillissant, avaient perdu en partie la vue et l’ouïe pour l’un, la mobilité pour l’autre, et qui affirmaient haut et fort que tout allait bien puisqu’à deux, ils obtenaient la note parfaite de 100 %.

Une belle histoire signée Simon Boulerice, soutenue par les illustrations de Delphine Côté-Lacroix. Une histoire que vous pouvez aussi voir et entendre si vous en avez envie.

26 mars 2025

L’homme qui écoutait chanter l’oiseau

Filed under: À livres ouverts,Pour petites mains — Lali @ 19:35

L’album écrit par Christian Merveille et illustré par Valeria Docampo, L’homme qui écoutait chanter l’oiseau, est bouleversant, à l’instar de tous les livres qui portent le logo d’Amnesty International. Oui, bouleversant. C’est le moins qu’on puisse dire. On ne peut en effet fermer l’album sans verser une larme.

Cela commence de façon bien innocente. Un homme refuse de se coucher au sol lors du passage du Roi parce qu’il veut entendre l’oiseau chanter alors que c’est obligatoire de se prosterner et de ne pas lever les yeux. On l’emprisonne pour cette raison. Mais comme l’oiseau le visite pendant qu’il est derrière les barreaux, on le rend aveugle. Puis, comme ce n’est pas suffisant, puisqu’il peut toujours entendre le chant de l’oiseau, on le rend sourd. Il n’a plus rien pour se rattacher à la vie que ses souvenirs puisqu’il ne peut plus voir ou entendre l’oiseau.

Vous aurez compris qu’il s’agit d’un livre sur la torture, sur ce qu’on inflige à celles et ceux qui sont différents et qui ne veulent pas se plier à des lois qui briment leur liberté et leurs droits. Vous aurez sûrement aussi deviné que cet homme sera un jour libéré. Les albums jeunesse se terminent souvent bien dans la vie. Et tant mieux. Il faut laisser un opeu d’espoir aux jeunes.

Puissent de nombreuses bibliothèques scolaires avoir ce livre sur leurs rayons. Il est essentiel.

20 mars 2025

Le nuage de papa

Filed under: À livres ouverts,Pour petites mains — Lali @ 19:52

Pas facile d’aborder un sujet aussi sensible que la dépression d’un parent sans utiliser de mot savant, sans parler de médication. Agnès de Lestrade a réussi ce tour de force avec Le nuage de papa. Un album qui relate ce que vit le papa de l’héroïne de cette histoire, écrite au je, et qui nous est racontée de façon poétique.

Pas de drame. Juste de la tristesse et l’impossibilité de sourire. Tout cela en raison d’un nuage qui prend beaucoup de place et qu’on essaie de faire disparaître par toutes sortes de moyens, notamment en soufflant dessus.

Or, le nuage est tenace. Il faudra du temps pour qu’il ne prenne plus toute la place et que le papa retrouve le sourire. Mais il y parviendra. Pour le moment. Il n’est pas dit que le nuage ne réapparaîtra pas.

Une totale réussite que cet album illustré par Stéphanie Marchal.

26 février 2025

Louise et Rose

Filed under: À livres ouverts,Pour petites mains — Lali @ 19:39

Ce sont les illustrations de l’artiste vietnamienne Khoa Le, découvertes en butinant d’un site à l’autre comme j’aime tant le faire, qui m’ont poussée à chercher à en apprendre davantage sur son travail. C’est ainsi que j’ai emprunté à la bibliothèque le très bel album écrit par par April Genevieve Tucholke, Louise de la nuit.

L’album nous présente Louise, qui aime le noir, la nuit, les araignées, les cimetières, et Rose, qui aime la lumière, les couleurs vives, les papillons et les fêtes d’anniversaire. Or, Louise ne comprend pas Rose. Rose ne comprend pas plus Louise.

Mais on peut être sœurs, avoir des goûts très différents et s’aimer, se soutenir, s’accepter. C’est le message que livre cet album aux images toutes plus belles les unes que les autres et sur lesquelles on a envie de s’attarder pour en examiner les moindres détails.

Texte et illustrations se complètent et se répondent, et on se laisse emporter de page en page par cette histoire toute simple qui m’a émue. Ma sœur et moi avons si peu en commun, à l’instar de Louise et Rose. Mais toute notre vie, nous avons été là l’une pour l’autre. Et si j’aime les cimetières qu’elle n’aime pas, j’aime aussi, tout comme elle, le rouge et le rose.

Si Monique aimait les albums jeunesse, ce qui n’est pas le cas, je lui offrirais celui-ci, qui parle un peu de nous. Oui, de nous, et de nombreuses autres sœurs, j’en suis convaincue.

27 janvier 2025

Le libraire de Wigtown

Filed under: À livres ouverts — Lali @ 19:54

J’ai beau ne plus travailler en librairie depuis 19 ans, je demeurerai une libraire dans l’âme toute ma vie, je crois. Et je serai toujours attirée par les livres où il est question de librairies et où les personnages sont des libraires. Je ne pouvais donc qu’ajouter à ma pile de livres à lire, ou plutôt à mes piles de livres tant elles sont nombeuses, Le libraire de Wigtown. Mais il n’est pas resté là longtemps. J’avais trop envie de me plonger dans les aventures de Shaun Bythell, qui tient une librairie de livres d’occasion à Wigtown depuis 2001.

Wigtown, ai-je appris dès les premières pages de ce journal de bord quotidien qui s’étale sur un an, est la ville écossaise du livre. Chaque automne s’y tient un festival du livre très prisé, et ce n’est pas le seul événement littéraire qui fait vivre cette petite communauté. En effet, chaque année, des prix sont remis à des poètes qui ont retenu l’attention du jury. Et Wigtown compte 17 librairies et entreprises liées au monde du livre.

The Bookshop est l’une de ces librairies. Et pas la moindre, car elle est la plus importante librairie de livres d’occasion de toute l’Écosse. C’est donc avec un plaisir sans faille que j’ai lu Le libraire de Wigtown.

Chaque chapitre nous donne à lire les aventures au quotidien mois par mois. On voit donc défiler les clients réguliers de la librairie comme ceux qui sont de passage, des gens qui veulent se départir de livres et qui pensent qu’ils en tireront une fortune, les personnes qui travaillent à la librairie, les amis et connaissances de Shaun Bythell. Tout cela donne lieu à des anecdotes cocasses et à une réflexion sur le métier de libraire.

Chaque chapitre commence par un extrait des souvenirs de George Orwell de la courte période où il a été libraire, que vous pouvez lire en version originale ici. Curieusement, comme le fait remarquer Shaun Bythell, ce qu’a écrit Orwell dans les années 1930 est encore d’actualité à quelques détails près. Ce qui a vraiment changé la donne ces dernières années est la vente en ligne et l’arrivée d’Amazon. Voici ce qu’en disait Bythell en 2016 : « Si Amazon semble profiter aux consommateurs, une multitude de personnes invisibles pâtissent des conditions dissuasives que la firme impose aux vendeurs : les auteurs ont vu leurs revenus s’effondrer au cours des dix dernières années, tout comme les éditeurs – ce qui veut dire qu’ils ne peuvent plus se permettre de prendre de risque avec des écrivains inconnus. Au bout du compte, cela nuit à la création elle-même, et les professions intermédiaires ont disparu. Amazon semble obsédée par l’idée d’égaler l’offre de ses concurrents, voire de vendre moins cher encore – au point qu’on se demande parfois comment elle peut bien en tirer profit. La triste vérité est la suivante : à moins que les auteurs et les éditeurs ne s’unissent pour résister au géant de la vente en ligne, le monde du livre finira complètement sinistré. » La situation s’est sûrement aggravée depuis.

J’ai tellement aimé Le libraire de Wigtown que j’aurais envie de me rendre en Écosse pour voir cette librairie de plus près, prendre part au festival et piquer une jasette avec Shaun Bythell. Pour le moment, je vais me contenter de commander Petit traité du lecteur. Je n’en ai donc pas fini avec les réflexions de ce libraire écossais.

18 janvier 2025

Les passants de Lisbonne

Filed under: À livres ouverts — Lali @ 19:06

Quel magnifique roman d’atmosphère que Les passants de Lisbonne de Philippe Besson. Dès les premières lignes, on a envie de faire plus ample connaissance avec Hélène et Mathieu, lesquels se remettent tous deux de la perte d’un être cher. Le mari d’Hélène est mort dans un tremblement de terre à San Francisco. L’amoureux de Mathieu s’est lassé de la vie décousue qu’il menait entre la France et le Portugal, et a laissé une lettre de rupture sur la table de l’appartement qu’ils partageaient à Lisbonne.

C’est dans cette ville que les protagonistes de ce roman intimiste se promènent et se racontent.

Hélène et Mathieu séjournent dans le même hôtel. C’est ainsi qu’ils se rencontrent. Elle ne connaît pas Lisbonne. Elle a un peu choisi cette ville au hasard pour s’éloigner un temps de son quotidien. Il lui fera découvrir cette ville qui lui est chère et où vit Diego, qui a choisi de rompre sans face à face.

Au fil de leurs pas, de leurs arrêts et des repas qu’ils partagent, ils se confient, Hélène davantage au début. Elle ignorait qu’elle avait tant besoin de le faire. Puis, c’est au tour de Mathieu de révéler ce qu’il fait de ses nuits pour oublier.

Mais on n’oublie pas l’amour d’une vie. La mort n’efface pas l’amour. Une rupture ne gomme pas l’amour qu’on a éprouvé. Et Philippe Besson l’exprime si bien. Oui, je le redis, un magnifique roman.

30 décembre 2024

Insoluble

Filed under: À livres ouverts — Lali @ 19:42

Je n’avais pas lu de suspense de James Patterson depuis de nombreuses années. Et aucun de ceux qu’il signe avec un autre depuis un moment. Je me réjouissais donc de plonger dans Insoluble.

Et j’ai été prise au jeu dès le début. La chasseuse de tueurs en série Emmy Dockery est un personnage attachant. On aime tout de suite son énergie et sa détermination à toute épreuve. Mëme au péril de sa vie, comme ce fut le cas lors de son enquête précédente, car il s’agit ici du deuxième volet mettant en vedette l’analyste du FBI. Mais on peut très bien lire Insoluble sans avoir lu Invisible. Ce qui était mon cas.

Il ne faut pas avoir peur des histoires compliquées quand on s’attaque à ce roman de 400 pages. D’une part, Emmy cherche à prouver que certains accidents n’en sont pas, mais qu’il s’agit plutôt de l’œuvre d’un tueur déterminé qui agit froidement et d’autre part, à débusquer celui qui signe Citizen David ses gestes terroristes, qui ne visent que des entreprises et ne tuent personne.

De plus, on la soupçonne d’être une taupe qui renseigne la presse. Elle est donc sous haute surveillance sans qu’elle le sache alors qu’elle tente de faire son boulot, malgré toutes les embûches sur son chemin. Et comme si ce n’était pas assez, tous les fils finissent par s’emmêler, si bien qu’on s’y perd. Si j’ai compris qui se cachait sous Citizen David, j’ai dû relire certains passages pour comprendre qui était le tueur en série, de même que ses motivations, et pourquoi celui qu’elle soupçonnait n’était pas le coupable.

La fatigue est sûrement pour quelque chose dans tout ça. À moins que ce soit la précipitation des auteurs à tout boucler rapido presto sans laisser au lecteur le temps de saisir clairement le sens de chaque détail?

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