Chère Linou

Il y a un moment que je n’avais lu un livre aussi lentement même si j’ai été tentée de le dévorer. Oui, lentement, à petites doses, parce que je ne voulais pas arriver à la fin trop rapidement.
Dès les premières pages, j’ai été conquise. J’ai instantanément aimé Mimi et Linou. Mimi, qui écrit des lettres à Linou, sa petite sœur, qui n’a jamais vécu que dans le cœur de ses parents et de Mimi puisqu’elle est morte dans le ventre de sa mère. Des lettres qu’elle écrit la plupart du temps sur une vieille machine à écrire comme je les affectionne. Des lettres où elle se raconte, où elle se livre sans fausse pudeur, où elle parle du manque de cette sœur absente, de la séparation de ses parents, de sa grand-mère adorée qui commence à en oublier des bouts, de son cœur qui s’emballe quand elle croise son voisin, de sa meilleure amie tellement différente d’elle, mais dont elle ne peut se passer, de tout ce qui lui pèse, de ce qui la fait vibrer.
J’ai aimé aussi la mise en page et la police de caractère. Et l’écriture elle-même, pleine d’images. Et l’émotion qui se dégage de chacune de ces lettres qui commencent par Chère Linou, qui m’ont rappelé les Chère Kitty d’Anne Frank, dont le journal demeure un des livres les plus marquants de ma vie. Mais là s’arrête l’analogie.
L’inoubliable, qui s’adresse à un public adolescent, bien qu’il ne se limite pas à celui-ci, puisqu’il saura toucher quiconque y plongera, est un roman inoubliable. J’admets, le jeu de mots est facile. Mais c’est réellement le qualificatif qui lui va comme un gant.
Si vous n’avez pas peur de vous laisser attendrir, si vous avez envie d’avoir l’âge de Mimi pendant quelques heures, si vous aimez la littérature épistolaire, peut-être aurez-vous envie de lire L’inoubliable.
Et même si vous n’éprouvez aucune attirance pour ce genre de roman, tentez le coup, ne passez pas à côté, vous ne le regretterez pas. Je vous l’assure. Lou Beauchesne a signé ici un roman remarquable.