Il y a des livres partout, des lus, des non lus. Des livres que peut-être je ne lirai jamais. D’autres que je relis. D’autres que je trouve ou retrouve. Ainsi, en est-il de L’histoire suivante de l’écrivain néerlandais Cees Nooteboom. Un livre qui m’avait été offert il y a des années par la représentante de Gallimard et que j’avais oublié. Et que j’ai ouvert parce que j’avais aimé autrefois son Mokusei.
Un court roman qui ne fait pas 150 pages. Un livre érudit où le narrateur que ses élèves appelaient tantôt avec ironie tantôt avec sympathie Socrate, parce qu’il enseignait le latin, qui s’était endormi à Amsterdam, se réveille à Lisbonne. Non pas vingt ans plus tôt, au moment d’heures marquantes de sa vie, mais bien aujourd’hui, ou ce qui lui semble aujourd’hui puisque le miroir lui renvoie bien l’image de l’homme qu’il était la veille aux Pays-Bas.
En sa compagnie, nous refaisons le voyage à l’envers pour ce qui sera probablement son dernier voyage. Celui des souvenirs, celui des poètes, celui des rencontres, celui de Lisbonne qui n’a pas changé. Parcours où il est question de l’amour des grands textes, de celui qu’il porte aux étoiles, de l’amour tout court qui lui a filé entre les doigts et dont il avait connu les plus belles heures dans la capitale portugaise.
Déroutée au départ, comme l’est le narrateur, je me suis laissée prendre au jeu d’aller de l’histoire suivante à l’histoire suivante, un peu à la manière d’une matriochka qui en renferme toujours une autre. Jusqu’à ce qu’on replace la plus petite dans la suivante et ainsi de suite. Pour que l’histoire soit complète, entière. Ou alors qu’elle n’appartienne plus à l’auteur, qu’elle soit tout simplement devenue la nôtre.
Un roman dense, touffu, érudit. Un roman d’un conteur de grand talent pressenti depuis un moment pour le prix Nobel de littérature. Un roman littérairement remarquable où passé et présent s’entremêlent pour effacer les traces. Puisque, peut-être, ne sommes-nous que du vent.