Les vers de Ronsard 8
Comme certaines des lectrices du soir, celle peinte par Pierre-Auguste Renoir avait lu Ronsard autrefois. C’est donc avec avidité qu’elle a tourné les pages. Le poème était là. Aussi beau qu’à sa première lecture.
Ce jour de Mai qui a la tête peinte,
D’une gaillarde et gentille verdeur,
Ne doit passer sans que ma vive ardeur
Par votre grâce un peu ne soit éteinte.
De votre part, si vous êtes atteinte
Autant que moi d’amoureuse langueur,
D’un feu pareil soulageons notre cœur,
Qui aime bien ne doit point avoir crainte.
Le Temps s’enfuit, cependant ce beau jour,
Nous doit apprendre à démener l’Amour,
Et le pigeon qui sa femelle baise.
Baisez-moi donc et faisons tout ainsi
Que les oiseaux sans nous donner souci :
Après la mort on ne voit rien qui plaise.