Lali

31 août 2024

Oui, la vie est compliquée

Filed under: États d'âme,Couleurs et textures — Lali @ 7:10

Ne me dites pas que la vie est facile. Pas en ce moment. Pas depuis la fin mai. Pas depuis la chute de ma mère dans l’escalier. Pas depuis le premier samedi de juillet, alors que mon père a quitté la maison en ambulance.

Tous deux sont hospitalisés, ma mère dans un hôpital de réhabilitation, mon père dans un autre hôpital en raison de multiples infections. Tous deux y ont attrapé la Covid. Mon père me l’a transmise. Aucun de nous trois ne l’a encore.

Mais mes parents ne retourneront jamais dans leut maison, celle où ils ont vécu 62 ans et où ils ont élevé leurs filles. Ce lieu rempli de souvenirs, d’objets rapportés de voyages, de tableaux achetés au fil des ans. Cet endroit que j’entretiens quotidiennement, où je vivrai peut-être dans quelque temps.

La vie est si compliquée. Je me lève très tôt pour passer un peu de temps avec moi-même, m’occuper de mes courriels et de mes cartes postales. Pour lire un peu, si c’est possible. Pour écouter de la musique.

Puis, je passe de mon ordinateur personnel à celui du bureau. Le but est de terminer ma journée peu avant 16 heures. Après, je passe chez mes parents. Je vérifie s’il y a du courrier ou des messages sur le répondeur. Je m’occupe du déshumidificateur et de la piscine. Et il y a encore quelques jours, je me baignais pendant une demi-heure. Depuis, il n’a pas fait assez chaud pour que je m’accorde ce plaisir. Et hier, nouveau problème : le moteur ne fonctionne plus. Comme si je n’en avais pas assez sur les bras… Celui qui s’occupe de la piscine devrait passer en début de semaine. Je vais donc pouvoir penser à autre chose.

Pas à autre chose, en fait. À mon père. Emprisonné à nouveau dans la confusion depuis mardi, alors qu’il allait tellement bien lundi, et ceci, probablement à la suite des infections contre lesquelles il s’est battu et celle des os des pieds qui n’est toujours pas guérie.

Il est si difficile de le voir ainsi, allongé, incapable de s’asseoir ou de se lever, encore moins de marcher, dans l’impossibilité de communiquer tant la réalité lui échappe. Tant ses cauchemars ont pris de la place. Tant ceux-ci semblent sa nouvelle réalité.

Je voudrais lui dire que tout va bien, que je lis dans la cour, au bord de la piscine, qu’il est en bonne voie de guérir, qu’il rentrera bientôt à la maison. Je ne dis rien. Je lave ses lunettes quand c’est possible. Il se rase les bons jours, qui semblent bien rares en ce moment. On parle un peu. De moins en moins. Il dort plus que jamais.

Ma vie risque de se compliquer encore plus. Mais heureusement que nous sommes deux et que Monique s’occupe de notre mère. Je n’y arriverais pas seule. Pour le moment, je veux rêver que la situation sera différente, et que mon père sera conscient et lui-même quand j’irai le voir tout à l’heure. J’aimerais tant que mes parents puissent se voir et se parler grâce à nos téléphones cellulaires.

Souhaitez-le aussi.

*illustration de Jeff Östberg

29 août 2024

Des suggestions?

Filed under: États d'âme,Couleurs et textures — Lali @ 20:59

Comme j’aimerais me retrouver dans un tel décor. Une vieille machine à écrire, un ordinateur portable, des livres, des enveloppes qui s’envolent vers le bout du monde, du café, un sofa pour la lecture, l’été. Tout dans cette scène semble avoir été préparé à mon intention. Ne reste plus qu’à choisir la musique. Des suggestions?

*illustration d’Anastasia Moreva

24 août 2024

La carré de sable

Filed under: États d'âme,Couleurs et textures — Lali @ 19:50

Ce soir-là, nous avions assisté à une pièce de théâtre pour enfants dans un parc. C’était à la fin juillet, peut-être au début du mois d’août. Il faisait beau. Je m’étais amusée. J’étais heureuse de ma soirée. Je me sentais légère, je souriais. Et comme la pièce avait été présentée dans un parc, il y avait des jeux pour enfants. Je ne suis pas allée jusqu’à me précipiter sur une des glissoires, mais je me suis laissée tenter par un carré de sable. J’adore enfouir mes orteils dans le sable.

Il m’a regardée, visiblement surpris. Comme si je m’adonnais là à quelque chose de complètement insensé. Et il m’a clairement expliqué qu’il n’allait pas retirer chaussures et chaussettes pour se joindre à moi. Je n’y avais pas pensé, je n’avais que répondu à une envie irrésistible.

Lire est une activité qui se pratique seul. S’amuser dans un carré de sable, aussi, quand on est une grande personne, ai-je compris ce soir-là.

Tout de même, il ne saura jamais quel plaisir il a raté.

*illustration de Mariona Tolosa Sisteré

9 août 2024

C’est mon tour

Filed under: États d'âme — Lali @ 5:07

C’est mon tour… Ma mère a vaincu la COVID contractée à l’hôpital. Mon père se bat contre la COVID qu’il a aussi contractée dans un autre hôpital alors qu’il lutte contre deux infections qui ont suivi celles qui sont maintenant contrées.

Et j’ai moi aussi la COVID, en raison de mes visites quotidiennes à l’hôpital. Je pensais me reposer enfin puisque je suis en vacances depuis hier, mais pas à supprimer toute activité intéressante.

3 août 2024

L’ouvre-boîte

Filed under: États d'âme,Couleurs et textures — Lali @ 20:19

Elle se demande souvent pourquoi elle n’a pas compris qu’il y avait quelque chose qui clochait dès le départ. On n’offre pas à une femme qui aime les livres et la musique un ouvre-boîte électrique quand on est supposément amoureux d’elle sous prétexte de lui rendre la vie plus facile. Et surtout pas le jour de la Saint-Valentin. C’est pourtant ce qu’il fit. Ce fut d’ailleurs la seule fois qu’il souligna le 14 février en neuf ans.

Elle a jeté l’ouvre-boîte en même temps qu’elle a mis fin à cette relation toxique. Mais pourquoi a-t-elle tant tardé à le faire? À l’heure où elle regarde derrière elle, la question demeure sans réponse. Et à quoi bon tenter de la trouver, il y a tant de livres à lire.

*illustration de Nasim Norouzi

1 août 2024

Joli décor

Filed under: États d'âme,Couleurs et textures — Lali @ 16:21

Il m’arrive de penser que je serais bien loin de la ville. Que je me plairais dans un décor semblable à celui-ci, de l’illustratrice et auteure jeunesse Lea Melcher. Moins de bruit. Moins de distractions. Plus de temps pour lire et écrire.

Mais si je devais m’éloigner un jour de Montréal, je m’installerais près du fleuve ou de l’océan plutôt qu’en pleine campagne. Et j’aurais un chat.

30 juillet 2024

Vrai ou pas?

Filed under: États d'âme,Couleurs et textures — Lali @ 20:17

Est-il vrai que la vie ne nous impose pas plus d’épreuves que nous ne pouvons en supporter? La question se pose en ces jours où tout bascule, où je fais tout mon possible pour ne pas perdre pied sans savoir si j’y arriverai. Heureusement, il y a Marie-Francine, il y a Jacques, il y a Armando, il y a Anne, il y a Ode. Pour me tenir la main, m’écouter, car j’en ai bien besoin pour me décharger un peu de tout ce poids qui pèse sur mes épaules et qui me semble chaque jour plus lourd.

J’ai du mal à imaginer la lumière au bout du tunnel. Mais elle est sûrement là. Trop loin pour que je puisse même l’apercevoir. Mais elle est là. Je veux y croire.
Me plonger dans un livre et me gaver de musique contribuent à adoucir mes jours, et me permettent même de dormir un peu. De même que naviguer à la recherche d’images mettant en scène la lecture et les livres. J’en ai pourtant plus de 4000 en banque, donc de quoi tenir le coup quelques années.

Je n’ai toujours pas la réponse à ma question. Mais j’ai de quoi m’occuper et m’évader!

*illustration de Gisella Navarro Fuster

25 juillet 2024

Y entrer

Filed under: États d'âme,Couleurs et textures — Lali @ 19:00

Parfois, certaines illustrations ou toiles me plaisent tellement que j’aurais envie d’y entrer et de m’installer dans celles-ci pour quelques heures. C’est le cas de cette scène où lecture et café sont à l’honneur. Une illustration signée Calita Hin.

24 juillet 2024

La vie

Filed under: États d'âme,Couleurs et textures — Lali @ 19:19

Je ne connaissais pas le prolifique écrivain français Joseph Méry. Je l’avoue humblement. C’est en raison d’une citation trouvée par hasard en cherchant autre chose que j’ai fait quelques recherches sur lui. Si jamais je veux le lire, j’ai l’embarras du choix. Il a énormément écrit.

Pour l’heure, je veux uniquement m’attarder à cette citation de lui : « La vie se passe à désirer ce qu’on n’a pas, à regretter ce qu’on n’a plus. »

Elle me semble tellement vraie en cette minute. Trop d’émotions. Trop de doutes. Trop d’espoirs trahis. Trop de rêves brisés. Trop de désillusions. Trop de retour à la réalité. Trop de blessures. Il me semble avoir perdu pied.

Je sais que c’est temporaire, que je trouverai bien une façon de reprendre le dessus. Ce sera difficile, compliqué.

Les livres et la musique m’y aideront. Ils l’ont toujours fait.

*toile d’Elaine Sturm

22 juillet 2024

Elle avait froid

Filed under: États d'âme,Couleurs et textures — Lali @ 19:06

Elle avait froid, tellement froid. En fait, elle était frigorifiée. Pourtant, le mercure n’avait chuté qu’à 15 degrés. Mais la fenêtre était grande ouverte et elle n’était vêtue que sommairement. Pour une nuit chaude de juillet, quoi. Fermer la fenêtre et enfiler une veste n’avaient pas suffi. Elle tremblait toujours autant. Et si ça n’avait rien à voir avec l’air frais de l’extérieur? Et si c’était autre chose?

Elle n’a pas été en mesure de retrouver le sommeil. C’était son cœur qui grelottait bien plus que son corps. Il lui fallait apprendre le vide et l’absence après des semaines de bonheur incomparable. Les livres lui suffiraient-ils?

*illustration de Ginnie Hsu

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