Lali

10 décembre 2005

Peyrac, trente ans et des poussières

Filed under: Images indélébiles — Lali @ 11:20

peyrac

Je me rappelle de cette minute, comme si c’était hier. Et pourtant, trente ans ont passé depuis cet après-midi d’août. Francine Marchand animait « Les samedis de Léopoldine » à CFGL, j’avais 14 ans, et j’écrivais des poèmes.
C’était l’époque des 33 tours et ce jour-là, la découverte de Nicolas Peyrac avec So far away from L.A.
Coup de cœur. Pas que pour moi, mais pour l’animatrice qui nous repasse tout de suite la chanson tant elle aussi a aimé.

Le lundi, je partais en quête de l’album. De nombreux ont suivi. Je les ai encore tous. Et les cassettes, puis les CD. Il ne me manque aucun titre de Peyrac.

Depuis cette minute où il est entré dans ma vie, il ne m’a plus quittée. Ses mots, sa musique, son engagement, tout a fait qu’il ne pouvait que rester présent, et moi fidèle. Au fil des ans, quelques photos de scène lors de spectacles, des rencontres brèves mais toujours empreintes de partage, d’attentions, de pure amitié.

Et en 1994, un roman, Qu’importe le boulevard où tu m’attends.Titre tiré d’une de ses chansons.
Un beau roman. Et aussi l’occasion pour moi d’une rencontre télévisuelle entre Nicolas et moi.
Je le vois encore assis sur le sofa, à Montréal où il a élu domicile, les yeux qui brillent, parce que celle qui lui pose des questions n’est pas une étrangère, plus qu’une fan, et qu’elle a lu le livre, qu’elle connaît toutes ses chansons par cœur. Et que ce moment de partage est tout simplement beau.

Deuxième grande minute. Pour clôturer l’entretien, Nicolas sort sa guitare et chante pour moi seule.

Depuis trente ans, Nicolas fait partie de ma vie. Je retourne à ses chansons comme je retourne aux nouvelles de Sternberg. J’écoute Nicolas et j’ai 15 ans, 20 ans, 30 ans. Il est dans ma vie depuis si longtemps lui qui a chanté:

Tu rêvais de mappemonde
De voyage autour du monde
De quelques temples mayas
Qui n’attendraient plus que toi
Tu rêvais de vivre un jour
Un peu comme un grand amour
T’emportant loin des solitudes

Trois fois plutôt qu’une pour Eva Kavian

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 9:37

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On croit s’approprier un livre, parce qu’on y entre. C’est là naïveté.
C’est le livre qui s’empare de nous, qui nous possède, refusant les réponses, suscitant les questions. C’est le livre qui nous trouble. Enfin, pas tous les livres. Mais certains. D’autant plus, si nous sommes prêts à jouer le jeu, à nous perdre, à laisser derrière nous les balises, à nous laisser porter par les images et par les mots.

Les livres d’Eva Kavian ont cet effet sur moi. Le rôle de Bart m’a entraînée dans une quête d’identité, celle de la narratrice autant que la mienne, par moments. Autour de Rita ouvre sur les liens et les influences que nous avons les uns sur les autres, parfois même à notre insu.

Trois siècles d’amour est le plus métaphorique des trois romans de Kavian que j’ai lus. À la fois un roman portant sur les mots, sur le silence, sur l’amour comme sur l’écriture et les enfants, il livre poétiquement des émotions. Pudiquement, en nuances, devrais-je ajouter.

Combien de phrases retenir de ce livre tant certaines nous parlent? Lesquelles privilégier, voire laquelle? Et pourtant, je vais m’aventurer à en extraire une seule : « À quel point on peut être bien n’est pas quelque chose que l’on peut mesurer. »

evakavian

Eva Kavian vit dans la région namuroise et anime des ateliers d’écriture.
Nous avons commencé, elle et moi, à échanger par courriels. Je risque donc de vous parler à nouveau d’elle.

Je risque aussi d’ouvrir un de ses trois romans. De faire de la phrase sur laquelle je tomberai ma réflexion du jour. Je vous raconterai.