Peyrac, trente ans et des poussières
Je me rappelle de cette minute, comme si c’était hier. Et pourtant, trente ans ont passé depuis cet après-midi d’août. Francine Marchand animait « Les samedis de Léopoldine » à CFGL, j’avais 14 ans, et j’écrivais des poèmes.
C’était l’époque des 33 tours et ce jour-là, la découverte de Nicolas Peyrac avec So far away from L.A.
Coup de cœur. Pas que pour moi, mais pour l’animatrice qui nous repasse tout de suite la chanson tant elle aussi a aimé.
Le lundi, je partais en quête de l’album. De nombreux ont suivi. Je les ai encore tous. Et les cassettes, puis les CD. Il ne me manque aucun titre de Peyrac.
Depuis cette minute où il est entré dans ma vie, il ne m’a plus quittée. Ses mots, sa musique, son engagement, tout a fait qu’il ne pouvait que rester présent, et moi fidèle. Au fil des ans, quelques photos de scène lors de spectacles, des rencontres brèves mais toujours empreintes de partage, d’attentions, de pure amitié.
Et en 1994, un roman, Qu’importe le boulevard où tu m’attends.Titre tiré d’une de ses chansons.
Un beau roman. Et aussi l’occasion pour moi d’une rencontre télévisuelle entre Nicolas et moi.
Je le vois encore assis sur le sofa, à Montréal où il a élu domicile, les yeux qui brillent, parce que celle qui lui pose des questions n’est pas une étrangère, plus qu’une fan, et qu’elle a lu le livre, qu’elle connaît toutes ses chansons par cœur. Et que ce moment de partage est tout simplement beau.
Deuxième grande minute. Pour clôturer l’entretien, Nicolas sort sa guitare et chante pour moi seule.
Depuis trente ans, Nicolas fait partie de ma vie. Je retourne à ses chansons comme je retourne aux nouvelles de Sternberg. J’écoute Nicolas et j’ai 15 ans, 20 ans, 30 ans. Il est dans ma vie depuis si longtemps lui qui a chanté:
Tu rêvais de mappemonde
De voyage autour du monde
De quelques temples mayas
Qui n’attendraient plus que toi
Tu rêvais de vivre un jour
Un peu comme un grand amour
T’emportant loin des solitudes