Lali

30 mai 2007

On voudrait juste…

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 21:21

lasheras

Elle a travaillé si fort et avec tant d’application qu’on n’a pas envie de la sortir du sommeil bien mérité. On voudrait la prendre dans nos bras sans la réveiller et l’emmener au lit. On voudrait juste laisser là les livres, poser sur elle une couverture et la regarder dormir.

Curieusement, la petite lectrice d’Antoni Lasheras semble tout droit sortie des albums de Martine que ma sœur lisait.

L’image est empreinte de tendresse, pleine de douceur. Quel parent ne reconnaîtra pas son propre enfant dans une telle toile?

L’absence de désir

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 20:24

barton

Bien sûr qu’elle pourrait aller le rejoindre. Elle n’aurait qu’à enfiler une robe et appeler un taxi. Bien sûr qu’elle pourrait le faire. Elle se laisserait faire. Elle se perdrait dans son désir à lui, son désir éperdu d’elle.

Bien sûr qu’elle finirait par se laisser porter par son désir à lui. Bien sûr.

Mais la lectrice de Stuart Barton risque de ne pas bouger.

Il pleut. Le livre choisi au hasard s’avère passionnant et elle a fait couler un bain pour y lire.

Il pleut. Bien sûr qu’elle pourrait ouvrir un parapluie et aller jusqu’à lui. Bien sûr. Se donner et repartir dans la nuit.

Mais tout la retient hors de cette chambre où il l’espère. Autre chose que la pluie, autre chose que le livre, autre chose que la baignoire.

Le sureau de mon enfance

Filed under: États d'âme,Mon Montréal,Signé Lali — Lali @ 7:31

sureau

Quelques fleurs du sureau de mon enfance, toujours en vie, malgré le fait qu’il ait été déménagé deux fois le temps de faire quelques aménagements avant de retrouver son emplacement d’origine, étaient ouvertes hier.

L’arbuste a la timidité d’avant, ne prenant pas de place, ne s’étalant d’aucune façon. Mais il est là, présent, immuable. Et j’aime ces choses qui ne bougent pas, qui font partie du passé, du présent et de l’avenir.

Ce n’est pas le moment

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 6:59

pfau

Les souvenirs sont du vent, ils inventent les nuages.
[ Jules Supervielle ]

L’une lit une lettre, l’autre crochète. La première s’émeut des mots doux de la missive et rêve à haute voix. La seconde fait peut-être part de cette citation de Supervielle à la liseuse de Conrad Pfau. Comme pour préciser que certaines phrases, aussi bien senties au moment où elles ont été écrites, deviennent un jour du vent.

Mais ce n’est pas le moment. La liseuse ne veut pas penser au jour où les souvenirs qu’elle lit s’envoleront pour laisser place aux nuages de la tristesse. Et c’est son droit le plus légitime. Et tant pis si l’autre a tout oublié des lettres d’avant. La liseuse a envie de rêver.

La lettre dépliée et repliée sans fin

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 0:12

campbell

Il a lu la lettre des dizaines de fois. Chaque fois, il l’a repliée en neuf ou douze et l’a rangée dans son portefeuille. Et il la déplie à l’occasion. Comme s’il avait besoin d’en imprimer à nouveau les mots dans son esprit, alors qu’il connaît chaque majuscule, chaque virgule, chaque point d’interrogation de cette missive qu’il traîne sur lui depuis des semaines et peut-être même des mois.

Le lecteur de James Campbell s’entête à chercher le sens caché. Ou à vouloir croire qu’il y en a un. Alors qu’il n’y en a peut-être tout simplement pas. Mais c’est le propre de l’être humain de creuser ainsi, de vouloir trouver un message secret et même d’en inventer un de toutes pièces s’il n’en trouve pas.

Viendra-t-il un jour où il déchirera la lettre, trouvera que c’est assez, qu’il n’y avait pas de mystère ou de sous-texte ? Peut-être. Peut-être pas.