Hommage à Monique Bosco
Elle m’a donné plus que tous ceux qui m’ont enseignée réunis.
J’ai eu l’occasion de le lui dire des années plus tard alors que j’animais une émission littéraire à la radio. J’ai eu cette chance de lui dire combien sa petite phrase incisive avait changé le cours de ma vie d’écrivaine en devenir.
J’avais 21 ou 22 ans. Chaque lundi matin avait lieu le cours de création littéraire. Et bien entendu, j’attendais au dimanche soir, voire même au lundi matin, pour tout jeter sur papier de ce qui avait mûri depuis le lundi précédent. En général, mes textes étaient bons, bien construits. Ils n’avaient rien de remarquable, mais rien pour être démolis à cause de maladresses linguistiques ou historiques quand ils étaient soumis en classe devant la critique de mes collègues étudiants.
Mais Monique Bosco n’était pas dupe. Elle savait que je n’avais pas passé des heures à travailler mes nouvelles et mes poèmes longuement mûris hors du papier. Et elle me l’a dit. En ajoutant que si je travaillais, que je prenais le temps, j’écrirais de très bons textes plutôt que des textes corrects. Et elle l’a fait devant tout le monde. Le genre de choses dont on se souvient toute une vie. Un moment qui revient en tête chaque fois qu’on croit un texte fini.
C’est d’ailleurs à cause d’elle si ma première nouvelle publiée a mis un an à prendre la forme qu’elle a dans sa facture définitive. Et je la remercie pour ça. Pour cette phrase qui a tout changé. Pour ces mots qui m’ont fait écrire autrement.
Monique Bosco est décédée aujourd’hui. Laissant derrière elle de beaux romans dont La femme de Loth qui a marqué mon parcours de lectrice.