Soir après soir
Il peut rester là des heures, la nuit durant s’il le faut. Il peut ne pas bouger de la table de travail tant qu’il n’aura pas trouvé dans les livres le bon mot, le mot juste, pour continuer à écrire. Certaines fois, la recherche est facile, il avait le mot sur le bout de la langue. D’autres fois, c’est plus ardu, mais il y met le temps qu’il faut. De toute manière, le lecteur d’August Rieper préfère une nuit blanche à chercher dans les livres plutôt que d’être au lit sans dormir, avec cette phrase abandonnée parce qu’un mot lui a filé entre les doigts.
Et c’est ainsi que, soir après soir, il sort à nouveau les livres rangés par son épouse le matin même. Bien entendu, elle le fait en maugréant un peu, par habitude, mais elle sait bien qu’il y a des choses qui ne changeront jamais. Et puis, au fond, c’est comme un jeu entre eux. Elle range les livres, il range les outils qu’elle laisse épars dans l’atelier.