Lali

21 mai 2007

Soir après soir

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 23:52

rieper

Il peut rester là des heures, la nuit durant s’il le faut. Il peut ne pas bouger de la table de travail tant qu’il n’aura pas trouvé dans les livres le bon mot, le mot juste, pour continuer à écrire. Certaines fois, la recherche est facile, il avait le mot sur le bout de la langue. D’autres fois, c’est plus ardu, mais il y met le temps qu’il faut. De toute manière, le lecteur d’August Rieper préfère une nuit blanche à chercher dans les livres plutôt que d’être au lit sans dormir, avec cette phrase abandonnée parce qu’un mot lui a filé entre les doigts.

Et c’est ainsi que, soir après soir, il sort à nouveau les livres rangés par son épouse le matin même. Bien entendu, elle le fait en maugréant un peu, par habitude, mais elle sait bien qu’il y a des choses qui ne changeront jamais. Et puis, au fond, c’est comme un jeu entre eux. Elle range les livres, il range les outils qu’elle laisse épars dans l’atelier.

Et parfois

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 23:24

lampitoc

Et parfois, elle se souvient de lui. Lui qui aimait les livres et la douceur de sa peau. Lui qui l’embrassait en lui parlant littérature. Lui qui étalait les romans autour d’elle, dans le lit, pour ne se consacrer qu’à elle, comme si elle était le plus précieux de tous les volumes de sa bibliothèque.

Et parfois, elle se souvient de lui, de ce temps où elle était jeune et belle, de ce temps où elle séduisait les hommes. Je crois bien qu’elle a oublié la plupart d’entre eux. Mais je n’en suis pas certaine. Les liseuses ont beaucoup de mémoire, en général.

Et parfois, elle se souvient de la première fois avec lui, quand il lui disait qu’elle lui rappelait la belle Espagnole de ses 18 ans, qui avait le double de son âge. Et parfois, elle sourit en pensant à tout ce qu’on a pu lui raconter, lui confier.

Et parfois, la lectrice de Rol P. Lampitoc se demande ce qu’ils sont devenus, ceux qui ont troublé son regard ou l’ont fait danser. Ceux d’il y a vingt, trente ans.

Puis, ça lui passe et elle retourne à ses livres.

En tournant les pages

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 20:28

ferrand

C’est en tournant les pages que l’image est revenue, celle de la petite librairie d’art avec un bac de livres d’occasion dehors. Elle était bien restée là plus d’une heure à les examiner un à un. Si bien qu’il avait été difficile de n’en choisir qu’un. Était-ce rue de Vaugirard ou ailleurs, dans une des rues avoisinantes ? Elle n’est plus tout à fait certaine : tout cela date de près de vingt ans.

Mais l’album sur le fauvisme est toujours aussi coloré. Et la lectrice de Marcial Plaza Ferrand tourne es pages avec le même plaisir que la première fois, le même regard amoureux pour les teintes. Le livre n’a pas vieilli.

Le livre oublié

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 13:06

olwin

Le livre était resté là, sur le siège du wagon. Oublié ? Terminé et laissé là pour un autre lecteur ? Comme il y avait encore quatorze stations avant d’arriver à destination, elle a décidé d’y jeter un œil.

Elle en a presque oublié de descendre à l’arrêt tant elle a été prise par l’écriture de ce romancier qu’elle ne connaissait pas.

Depuis, la lectrice d’Anne Olwin n’a fait que tourner les pages avec avidité. Tentant en même temps de savoir pourquoi ce livre était là alors qu’elle attendait depuis toujours de tels mots. Mais peu importe comment il est arrivé jusqu’à elle : il était là. Il l’attendait.