Lali

28 avril 2007

Celui qui photographie les fleurs

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 7:45

spinelli

Il a photographié les fleurs du jardin, toutes plus belles les unes que les autres. Toutes ces fleurs qui lui parlaient. Toutes ces fleurs qui s’ouvraient pour lui. Des fleurs dont il ne savait que la splendeur et pas toujours le nom.

Peut-être que la lectrice d’Andrea Spinelli aurait pu lui parler des fleurs, donner un nom à chacune, raconter celles qui allaient s’épanouir dans quelques jours, mais le photographe n’a pas osé déranger la lectrice.

Le photographe s’appelait peut-être Armando. Il était peut-être au Portugal à photographier les fleurs. Et peut-être y avait-il une jolie lectrice pas loin. Une lectrice qui n’a pas entendu ses pas ou fait semblant de ne pas les entendre pour poursuivre sa lecture.

Rester au lit avec un livre quand il pleut

Filed under: États d'âme,Couleurs et textures — Lali @ 7:20

bogatyrenko

Il me semble que je ferais bien comme la lectrice de Yuri Bogatyrenko aujourd’hui : rester au lit avec un livre. D’autant plus que le temps est maussade, après plusieurs jours de soleil. Et bien entendu, il fallait que ça arrive un samedi!

Mais je ne pourrai pas me permettre ce luxe, car je dois terminer une fastidieuse révision. Tout ça parce qu’hier j’ai continuellement été dérangée par les uns et les autres, ce qui a fait que je n’ai pu avancer comme je l’aurais voulu… Mais bon, je ne compte pas y passer la journée. Et de plus, je ne compte pas m’y mettre immédiatement : il y a des toiles qui me demandent que je parle d’elles, impatientes.

Tout de même, ce bonheur de rester au lit avec un livre quand il pleut… Demain ?

27 avril 2007

Rituel du matin

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 7:34

sherwood

Il n’est pas de repas qu’il préfère au déjeuner. Peut-être parce que c’est le repas qui le tient le plus longtemps à table, puisque c’est son moment de lecture de la journée.

Le lecteur de Jo Sherwood, chaque matin, lit le journal, de la première à la dernière page, comme le faisait son père. Certains jours, il reste devant son assiette vide plus souvent qu’à l’accoutumée, parce qu’un événement dramatique occupe de nombreuses pages. D’autres jours, il a beau tourner les pages, rien ne semble attirer son attention.

Mais c’est un rituel auquel il tient. Comme il tient à la crème dans le café. Le lait, c’est pour les céréales, dit-il.

Voilà longtemps…

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 6:46

kriedeman

C’est toujours là qu’il lit. Comme si ailleurs lui était impossible. Comme s’il lui fallait le doux roulis des vagues, l’océan à perte de vue et le rire des mouettes pour que son bonheur de lecteur soit complet.

C’est toujours là qu’il lit, avant que le lieu ne soit envahi.

Voilà longtemps qu’elle le regarde. Voilà longtemps qu’elle arrive de plus en plus tôt pour pouvoir le regarder. Voilà longtemps que le lecteur de Lambert Kriedeman croise une jeune femme alors qu’il quitte les lieux. Mais il ne l’a pas encore vue, encore aux prises avec les images nées de ce qu’il vient de lire.

Le poète

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 3:29

bakalowicz

Voilà dix ans qu’il a écrit ces vers sur une longue feuille parcheminée qu’il a roulée et entourée d’un ruban avant de les lui offrir. Voilà dix ans que, ponctuellement, la lectrice de Stefan Bakalowicz relit les rimes du poète de ses 15 ans.

Elle est aussi émue que lorsqu’elle les a lus pour la première fois alors que s’inscrivaient sur les papier des promesses qu’il a tenues alors que tous autour d’elle lui s’évertuaient à lui dire que des mots n’étaient que des mots, aussi jolis fussent-ils. Mais elle y a cru. Et il y a cru. Et ils ont fait fi de tous.

La lectrice relit les vers une fois de plus avant d’aller retrouver le poète de ses 25 ans.

Ce que le poème annonçait est devenu sa vie.

Tandis que la toile sèche

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 1:37

bartlett

Les livres sont restés ouverts. La toile n’est pas encore sèche. La lectrice et le peintre de William Bartlett ont quitté l’atelier.

Et dans cet ailleurs où ils se sont retirés, il y a sûrement encore des mots et des couleurs. Des regards et des gestes. Et dans cet ailleurs où ils se trouvent tandis que la toile sèche, le désir a pris toute la place.

26 avril 2007

Le temps d’un autre chapitre

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 7:44

dorsey

Elle a déjeuné dehors, comme j’aimerais pouvoir le faire si j’avais un jardin plutôt qu’un minuscule balcon. Et elle a lu en prenant son temps. La lectrice de Deborah Dorsey est levée depuis longtemps, ce qui lui a permis de faire tout ce qu’elle avait à faire tôt. Si bien qu’elle a le temps, maintenant. Le temps d’un autre chapitre. Et peut-être même un deuxième.

Dans une ville étrangère

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 7:18

allan baptist

Il s’est assis sur le lit en attendant d’avoir la salle de bain à lui seul. Je crois l’entendre lui dire qu’elle ne sera pas longue. Il lui dit de ne pas se presser, qu’ils sont en vacances.

Ils sont dans une ville étrangère et le lecteur d’Allan Baptist a ouvert un guide pour décider de la destination du jour. Il avait pensé à un musée, d’abord, ils aiment tous deux ces lieux. Mais il fait si beau et la lumière est si belle qu’il a décidé de modifier ses plans. Il suffit juste de décider dans quel quartier déambuler, le cœur léger, entre l’architecture à examiner, les cafés où s’asseoir et quelques galeries où entrer.

Il s’est assis sur le lit pour feuilleter le livre qu’il lui tendra quand elle en aura fini. Ce sera à elle d’imaginer aussi un parcours tandis qu’il se préparera.

25 avril 2007

Un décor qui n’est pas le mien

Filed under: États d'âme,Couleurs et textures — Lali @ 22:44

poetting

Tout est bien rangé. La lectrice d’Adrienne Von Poetting n’est pas de celles qui empilent ou qui lisent plusieurs livres à la fois.

Et à regarder ce décor, je ne peux penser qu’à Carl, ce vieil ami dont j’ai perdu la trace. Carl vivait alors dans un appartement où tout était impeccable. Jamais une tasse dans l’évier, jamais un journal sur la table à café, le lit toujours fait, les serviettes bien pliées. Sa mère pouvait venir le visiter n’importe comment : le fils avait retenu sa leçon. Elle pouvait être fière de lui.

Mais il s’ennuyait dans son appartement bien astiqué. Et comme il habitait à un paté de maisons, il débarquait pour un oui ou pour un non. Pour une bière ou un café. Mais surtout pour être dans un lieu qui lui paraissait habité. Il le disait tout haut. Il aimait mes piles. Il aimait qu’il y ait des livres partout. Il aimait que ça sente la vie. Et rien n’a changé depuis cette anecdote qui remonte à vingt ans. Les piles sont toujours là et je ne me fatigue pas à plier les serviettes bien comme il faut chaque fois que je les utilise. Si je le revoyais, il me reconnaîtrait dans cette façon d’être en vie, c’est-à-dire éparpillée et ramasseuse.

Carl a-t-il fini par habiter un lieu, à y laisser sa trace ou a-t-il continué de vivre dans son décor où rien ne retrousse ? Ou sommes-nous déjà à 20 ans ce que nous serons toujours ?

Dans les livres

Filed under: États d'âme,Couleurs et textures — Lali @ 21:20

emile bernard

Lui arrive-t-il d’avoir envie, tandis qu’elle lit, que quelqu’un la connaisse si bien qu’il pose une tasse de café devant elle sans qu’elle n’ait à le demander ? Lui arrive-t-il aussi d’imaginer les bras d’un homme autour d’elle, quelques minutes, tandis qu’elle tourne les pages, ce même homme qui la laisserait à son livre parce qu’il est heureux de son bonheur et qu’il n’y verrait pas là un instant qu’elle lui vole ?

Ces images que je glisse dans l’esprit de la lectrice d’Émile Bernard sont-elles les siennes ou les miennes ?

Moi qui ai, pendant de longues années, profité du sommeil de l’homme pour lire, n’ai aucune idée de ce que peut être quelqu’un qui me laisserait à mes livres. Moi qui, ces mêmes années, ai quelquefois demandé des bras autour de moi, et lesquelles étreintes étaient minutées et ponctuées d’un C’est assez ?, ne sais pas plus ce que peut être la tendresse gratuite. Du moins celle qu’on imagine dans l’amour, puisqu’en amitié j’ai toujours été gâtée et sans jamais avoir à demander.

A-t-elle un parcours semblable au mien ? Ou est-ce moi qui me vois en elle ? A-t-elle connu quelque chose que je n’ai pas connu ou le vit-elle, comme moi, dans les livres ?

« Page précédentePage suivante »