Pitié pour le mal
C’est la guerre, comme partout en Europe, en ce jour de 1944. Et plus précisément dans cette femme de Wallonie où les Allemands ont réquisitionné Gaillard, le brabançon de la maison, le cheval qui faisait la fierté du père disparu, tué par les nazis.
Est-ce l’inconscience ou la hardiesse qui pousse Mutien, l’aîné, 13 ans, à entraîner Abel, son frère de 8 ans sur le chemin de la guerre en direction de l’Allemagne où les soldats épuisés rentrent chez eux ? Ou un peu des deux ?
Si Pitié pour le mal est un roman sur la guerre, c’est aussi un livre sur la fraternité, sur le sens de celle-ci, sur la complicité entre deux frères, alors que se joue la vie d’une poignée de soldats mal en point, blessés physiquement, brisés moralement. Un roman où l’ennemi devient humain alors que l’un de ceux-ci se prend d’affection pour les jeunes frères. Un roman de l’intérieur, en dehors des livres où l’Histoire est relatée en champs de batailles, en villes dévastées, en cimetières du débarquement et en nombre de morts.
Un roman sur la compassion, comme son titre l’indique. Un roman de tendresse envers ceux embarqués dans cette guerre dont ils ne comprennent pas le sens, qu’ils soient du côté des vainqueurs ou des perdants.
Un beau roman. Pas vraiment triste, même si le sujet aurait pu l’être. Un roman dans lequel on entre et qu’on a du mal à quitter parce que nous nous attachons à ces hommes et à ces deux enfants. Un roman à l’écriture fine, juste, sensible.
Pitié pour le mal est un grand roman. Un roman que j’aurais pu ne pas lire si une Belge ne me l’avait conseillé, elle qui, dans quelques heures, aura le plaisir de discuter avec l’auteur. Puisse cette rencontre être agréable. Puisse-t-elle lui dire à quel point j’ai été touchée, émue, comme elle l’a été aussi, à la lecture de ce roman marquant.