La lectrice et son chat
Lectrices et chats ont toujours fait bon ménage. Ce n’est pas Juh Ly Ahn qui dira le contraire, elle qui a dédié la majeure partie de son blog à ses poilus.
Qui me connaît sait que je les aime aussi même si aujourd’hui je n’ai de chats que de porcelaine ou autre matière non vivante. Je sais bien qu’un chat ne serait pas malheureux chez moi, même si le plus loin qu’il pourrait aller est mon balcon, mais je n’aime pas l’idée d’emprisonner une bête et de lui enlever l’accès au gazon et à toute forme de découverte. Probablement parce que tous les chats que j’ai eus (Picotine, Mandarine, Giroflée, Cendrine, Aglaé, Cannelle, Soleil, pour tout vous dire), c’est à Vagabond que j’ai été le plus attachée.
Je n’ai pas adopté Vagabond, c’est lui qui m’a choisie lui, le chat itinérant qui ne se posait pas nulle part jusqu’à ce que nos yeux se croisent. Il allait ici et là, se laissant nourrir par certains, mais n’élisant jamais domicile. Il a fait de chez moi sa halte. Il se laissait caresser, laver, nourrir et il repartait vivre sa vie de chat. Parfois, il restait là une semaine, épuisé de courir ainsi. D’autres fois, il disparaissait une semaine. Je crois qu’il devait être un chef de bande quelque part puisque j’ai soigné un œil crevé et une oreille déchirée. Personne d’autre que moi n’aurait pu lui toucher quand il rentrait ainsi blessé de coups de griffes. Parce qu’il savait que j’allais m’occuper de lui et le laisser repartir.
Un jour, on l’a trouvé mort. Quelqu’un est venu nous dire où il gisait et nous avons fait ce que nous devions faire. On n’a jamais su ce qui l’avait emporté. Mais ce souvenir est flou. Les moments auxquels je préfère penser sont ceux où il me tournait autour tandis que je lisais, tout comme le fait celui de la lectrice de Jeannette Lassen. Je finissais toujours par céder, par poser là le livre le temps d’une caresse. Puis, il repartait et je retournais à mon livre.