La lectrice d’Otto Frello serait-elle en train d’imaginer quelque plan machiavélique digne d’elle ? Aurait-elle reçu au courrier du jour la même publicité que j’ai reçue dans une enveloppe sur laquelle était écrit Still single ? Aurait-elle cherché dans l’enveloppe la version française des promesses annoncées an anglais sans les trouver ? Et l’absence de la dite version l’a-t-elle mise en rogne, quand on sait que la langue officielle au Québec est le français ? Je croirais que oui.
Mais bon, faisons comme si elle avait occulté temporairement ce détail pour s’intéresser au contenu de ce feuillet de première importance, annonçant We have someone special who wants to meet you!
Ah oui ? Et en plus, cette compagnie qui a quelqu’un de spécial à lui présenter aurait organisé 40 000 rencontres réussies dans la dernière année ? Comme elle a envie de faire tourner en bourrique les entremetteurs de cette compagnie. Comme elle a envie qu’ils organisent pour elle des rencontres avec tous ces gens qui n’attendent que ça… Elle s’imagine déjà en train de se plaindre qu’ils ne connaissent rien à rien, qu’ils n’ont rien compris, que le dernier était moche, que le précédent ne parlait pas assez fort pour qu’elle puisse suivre la conversation et que celui de la semaine dernière a gardé son chapeau melon au restaurant.
Et dans sa tête, ça se bouscule et elle rigole toute seule. Si bien qu’elle aura tout vécu en rêve sans se donner la peine de communiquer avec la compagnie.
Elle n’a besoin que des livres et de ses bêtes à poils, pas d’un homme qui va vouloir la changer. Et puis, ce n’est pas parce qu’elle ne veut personne dans sa vie qu’elle ferait de la peine à ceux qui ont cru en ces belles promesses de cette lettre publicitaire. Ne reste plus qu’à mettre la lettre au bac à recyclage maintenant qu’elle s’est bien amusée à imaginer toutes sortes de raisons pour rejeter d’éventuels prétendants.