Les couleurs du Plateau Mont-Royal
J’aurais voulu pour l’arrivée d’une connaissance un soleil aussi lumineux et chaud que celui qu’elle a laissé derrière elle en Champagne. Mais ce n’est pas le cas. Le ciel de Montréal est tristounet et il fait froid. Or, à défaut de la lumière qui est absente et sur laquelle je n’ai aucun pouvoir, je lui offre des couleurs, celles du Plateau Mont-Royal, en particulier, celles des maisons sur les rues transversales à la rue Mont-Royal. Celles de ce quartier où j’ai vécu douze ans, alors qu’il devenait de plus en plus ce qu’il est aujourd’hui, le quartier branché de Montréal.
J’avais la chance d’habiter l’extrême est du Plateau, là où la vie commerçante n’est pas celle des restaurants et des bars, mais des petites boutiques. Mais je partais souvent en expédition vers l’ouest, m’attardant en chemin chez un bouquiniste ou un autre, puisque la plupart des revendeurs de livres sont installés dans ce quartier de jeunes professionnels ou d’artistes, une nette différence avec ce qu’il était il y a 40 ans, à savoir un quartier où s’agglutinaient des familles d’ouvriers depuis des générations. La gentrification a tout changé. Mais ce serait aussi un long débat de faire le procès de celle-ci qui a eu du bon en permettant qu’on ne jette pas par terre des habitations solides avec une histoire et du moins bon quand on pense à la surenchère, aux contracteurs qui ont sauté sur l’occasion et fait de logements abordables des appartements hors de prix.
Mais en ce jour, ce sont les couleurs que vous offre. Les couleurs du Plateau Mont-Royal. Celles des rues qui mènent tout droit au quartier portugais qu’il faudra bien que je vous raconte un jour.