C’est en huit manches ou périodes, choisissez le sport qui vous convient, même si le chiffre huit ne correspond à proprement parler à aucun des sports auquel vous avez pensé d’emblée, que Renald Bérubé, après des années à enseigner la littérature à l’UQAM puis à l’UQAR, signe un premier roman qui réunit, rebricolées pour l’occasion, des nouvelles parues sous une première forme entre 2004 et 2010 dans XYZ. La revue de la nouvelle (sauf une publiée dans Tangence en 1992).
Chacun des huit chapitres a une vie propre et peut être détaché du lot sans pour autant que le roman en souffre. Mais ensemble, réunies par un fil ténu, un narrateur omniscient qui pose sur ses personnages, comme sur le sport, un regard tantôt critique, tantôt ému, celles qui étaient à l’origine des nouvelles font désormais partie intégrante d’un roman solide, à la langue colorée, truffé d’apartés, tous plus savoureux les uns que les autres.
Roman sur le sport et autour de celui-ci, Les caprices du sport est aussi un énorme clin d’œil à l’amour incommensurable que voue l’auteur, par la voix de son alter ego, le narrateur de ces huit épisodes, à la littérature. Il n’est donc pas uniquement question de sport, même si le baseball et le hockey sont des filons largement exploités dans chacun des chapitres, mais aussi des livres et des écrivains qui ont marqué les personnages, qui posent leur propre regard sur le sport et la vie, mais aussi la musique, dont une des saisons visitées par Vivaldi.
Celle qui a été une mordue de hockey pendant nombre d’années et qui n’a rien oublié (ou presque) de la Série du siècle en 1972 et dont le grand-père comptait parmi ses amis le commentateur Michel Normandin, s’est laissée prendre au jeu, mot qui n’est pas choisi par hasard, de ces scènes qui plairont à ceux qui aiment (ou ont un jour aimé) le sport tout en aimant la littérature, ce qui n’est pas incompatible, comme Roch Carrier peut en témoigner.
C’est un roman savoureux que propose Renald Bérubé. Rien de moins. Un roman rempli d’images, de jeux de mots intelligents, de moments inoubliables qui le deviendront encore davantage quand vous les aurez lus. Renald Bérubé est un formidable conteur. Je n’ai qu’un regret : n’avoir jamais assisté à un de ses cours. Cela devait être formidable.
Texte publié dans
Titre pour le Défi Premier Roman