Voilà ce qu’il lui écrira
Tout comme la poésie, la sculpture ou la peinture, la vie a ses chefs-d’œuvre précieux.
[Oscar Wilde]
Voilà ce qu’il lui écrira. Et l’écrivain de Germain Théodore Ribot ajoutera : Tu es le seul chef-d’œuvre à mes yeux.
Tout comme la poésie, la sculpture ou la peinture, la vie a ses chefs-d’œuvre précieux.
[Oscar Wilde]
Voilà ce qu’il lui écrira. Et l’écrivain de Germain Théodore Ribot ajoutera : Tu es le seul chef-d’œuvre à mes yeux.
Dans combien de livres s’est-elle perdue? À combien d’héroïnes s’est-elle identifiée? Peut-être même n’a-t-elle jamais vécu d’autre vie que celle des livres? Peut-être même ne sait-elle pas qu’une vie existe hors d’eux?
Le lectrice de Félix Vallotton n’a pas envie de se poser cette question. Ce soir, elle est Emma et rien d’autre. Emma qu’on aima.
À Genève, un autre oiseau. Un autre moment de tendresse. Celui où les yeux de Denise ont croisé ceux de l’oiseau assoiffé. D’eau ou d’amour? L’histoire ne le dit pas.
La vie se joue à quelques mètres d’eux. Enfin, une vie autre que la leur, une vie dont ils ne font pas partie. Les oiseaux amoureux n’ont croisé qu’un seul regard ami dans cette foule déchaînée d’un après-midi bruyant, celui d’Armando, qui leur a souri.
Que vient-elle de lire qui la trouble autant? Je vois dans le regard de la lectrice d’Arturo Gordon Vargas un peu de brume, presque des larmes, sans savoir si tout cela est vraiment là, si tout cela est juste une impression fugitive qui disparaîtra à force de la regarder.
J’ai pourtant cette intime conviction de trouble, de sentiments épars qui affluent. J’ai pourtant cette sensation que la terre a tremblé quelque part et qu’elle reprend pied petit à petit, encore sous le choc. Mais je ne sais rien. Je ne sais que cette impression.
Le livre est ouvert, mais trop de souvenirs affluent en même temps pour qu’il puisse poursuivre sa lecture. Le lecteur de Daniel Ramée se perd en eux, tentant de rétablir l’ordre dans ce magma d’images qui datent de si longtemps. Des images souriantes, d’autres moins, certaines faisant surface alors qu’il les croyait définitivement enterrées. Des images tendres, certaines beaucoup moins, et des phrases murmurées à l’oreille dont il ne se souvenait plus.
Le livre est ouvert, mais le lecteur n’est pas là. Il regarde la lave des moments disparus couler de son esprit et se jeter sur la page. Prendre toute la place. Il sait que dix ans passeront peut-être avant que tout ça ne surgisse à nouveau.
Puisse le pays de Lali toujours être à l’image de la toile de Dolores Cohen, un lieu où les livres, où les toiles, où les mots sont là, accompagnés d’une tasse de café ou de thé, au choix. Un lieu où vous aurez envie de vous arrêter, de partager, de raconter, et même de vous taire et de lire ces pages qui n’en finissent pas de s’écrire.
Puisse le pays de Lali être comme un dimanche matin où on s’attarde au lit, devant un bol de café, dans les pages d’un livre ou dans le regard de celui ou celle qu’on aime.
Pour marquer le coup de six mois de création, de six mois d’En vos mots, voilà des heures que je traîne dans ma galerie, examinant un tableau et puis l’autre, les scrutant. Tout en sachant que l’un écarté pour le moment, des centaines sont là à attendre que je décide de leur sort.
J’ai longtemps, longuement hésité. Tout ça pour en arriver à me dire pourquoi pas… Pourquoi pas, en effet, un tableau archi connu d’un grand maître? Pourquoi ne pourriez-vous pas le raconter à votre manière, avec ce qu’il vous inspire, même s’il a maintes et maintes fois été analysé sous toutes les coutures?
Le voilà donc à vous. Ou plutôt, LA voilà à vous pour sept jours. La femme en bleu lisant une lettre de Johannes Vermeer.
Puisse-t-elle se raconter un peu. Puisse-t-elle se dire en vos mots. En toute simplicité.
A-t-elle commencé le livre il y a des heures de cela pour que ses traits soient ceux de quelqu’un qui n’a pas dormi de la nuit? A-t-elle voulu aller jusqu’au bout de ce roman épique pour vaincre l’ennui ou attendre celui qui n’est jamais rentré? S’est-elle juste laissée prendre au jeu sans entendre les quarts d’heure sonner à l’horloge du salon? Fatigue et déception se lisent sur le visage de la lectrice d’Augustus John. On ne saura jamais pourquoi, mais libre à nous d’imaginer les raisons de ces traits tirés alors que le jour ne va plus tarder à naître.
Et parfois, des lectures nous transforment tellement que nous en perdons nos repères et nos balises. Et parfois, des lectures nous transportent à un point tel que nos perceptions s’en trouvent modifiées. Plus rien n’est tout à fait à la même place. C’est peut-être ce qui est arrivé à la lectrice de Çane Matevski. Reste à savoir quel livre a pu avoir cet effet!