Lali

1 octobre 2007

L’uniformité

Filed under: États d'âme,Couleurs et textures — Lali @ 19:13

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Elles ressemblent à celles que j’ai croisées dans l’autobus. Les jupes étaient aussi à carreaux, les chemisiers blancs. Elles parlaient fort, de l’une, de l’autre, du prof de maths, du devoir de français. Je les écoutais. Je m’enfonçais dans mes souvenirs.

Ce n’était pas le même autobus. Je n’avais de commun avec elles que le chemisier blanc, la jupe étant grise et la marinière bourgogne.

Il me semble que je ne parlais déjà beaucoup, mais que les autres autour de moi ressemblaient aux étudiantes de Slava Groshev. Dans leurs gestes, leur façon de s’affirmer, leur assurance. Tout ce que je n’étais pas en mesure de sortir de moi à cette époque, si bien que je restais là à les écouter parler. Je pensais au livre que j’allais lire quand j’en aurais fini avec le devoir de chimie. Et je ne pensais sans doute pas à mes cheveux, comme elles, et encore moins à un voisin qui m’aurait regardé d’un drôle d’œil. Ni à ce à ce qu’il y avait à la télé ou au dernier chanteur à la mode.

Je les écoutais, étourdie. Je les regardais. Elles étaient toutes pareilles, elles avaient toutes les mêmes rêves ou en donnaient l’impression. L’uniforme avait servi à les rendre uniformes. Et moi je me taisais.

Inspirée

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 18:44

vv

Elle vient de rentrer et déjà il lui faut écrire. De toute urgence. Pour ne pas laisser s’envoler l’idée. Pour ne pas que file l’agencement des mots. Pour ne rien perdre de l’émotion. Comme si dans une heure il n’allait plus rien rester de tout ça. Comme si plus tard tout des mots qu’elle voudrait aligner aurait moins de sens parce qu’en cette minute tout lui semble clair.

Et elle ouvre son cahier. Elle note tout ce qui vient, presque tout seul, sans effort.

Des instants tels sont si rares que l’écrivaine de Vadym Vaskovsky n’a pas le temps de réfléchir. Elle laisse l’inspiration qui lui manquait la veille et peut-être le jour précédent la prendre toute entière. Elle verra plus tard s’il y a quelque chose à garder de tout ça. Et si ce n’est qu’une seule phrase, elle sera heureuse. Plus que ça, elle planera. Mais chut, laissons-la à son inspiration qu’une respiration autre que la sienne pourrait déranger.

Cette heure du jour entre toutes

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 4:35

root

C’est l’heure du silence, l’heure où même les oiseaux, ceux qui s’éveillent avant le jour dans la nuit noire, ne chantent pas encore. C’est l’heure de prédilection du lecteur de Bill Root. Et depuis si longtemps qu’il ne saurait dire depuis quand. Peut-être a-t-il choisi cette heure au moment où il a de moins en moins été en mesure de dormir une nuit pleine? Peut-être. Il ne sait pas au juste. Il sait seulement qu’il aime cette heure du jour entre toutes où les mots lui paraissent chargés de sens, plus précis et d’une justesse implacable,