Je la regarde et je me demande à quoi tient cette urgence de se précipiter ainsi un dimanche matin. De ne prendre le café que lavée, habillée et maquillée.
Il y en a tant pourtant des femmes qui ressemblent à la lectrice d’Emilio A. Serio. Organisées, avec une place pour chaque chose, un horaire pour chaque corvée, se trouvant totalement démunie quand il faut modifier quelque chose à l’ordre établi selon des règles quasi immuables. Et qui me semblent si dérisoires.
Peut-être suis-je trop bohême pour comprendre cette énergie dépensée à des détails autres que vivre. Peut-être est-ce que je préfère un désordre organisé à un ordre froid? Peut-être est-ce ma façon d’être rebelle que de ne pas faire la lessive le lundi, l’épicerie le jeudi soir et la cuisine pour la semaine le dimanche? Peut-être.
Et pourtant, ces femmes parfaites sont si nombreuses. Nous en discutions justement Francine et moi ces jours-ci. Parce que nous avons l’une et l’autre au moins une amie ou deux qui sont telles. Qui ne laissent jamais traîner un pull ou un foulard. Qui nous regardent impatiemment quand on en prend trop de temps à finir le café qui clôture un repas alors qu’elle voudrait mettre le lave-vaisselle en marche avec, il va sans dire, la tasse que nous tenons à la main.
Elles sont si nombreuses. Mais sont-elles heureuses dans tout ça? Dans toute cette énergie déployée à tout organiser? Peut-être. Ou peut-être pas. La question ne s’est peut-être jamais posée pour elles.