Lali

Il y a longtemps que je lis Hélène Dorion, que je m’abreuve à ses mots. C’est donc avec bonheur que j’ai posé Mondes fragiles choses frêles sur la table à l’intention des lectrices du soir. Et il semblerait que la lectrice de Lilli Ladewig soit elle aussi tombée sous le charme. De ce texte, particulièrement.

Au large de toi-même, te voici
seul en ton vol
délaissé de l’ombre, tu t’éloignes
en ce paysage de fond du temps.

Ne rentre pas sans questions
qui te soient terre et mer.

Certaines images évoquent tant de souvenirs, lui racontent tellement d’histoires qu’elle peut rester longtemps sur chacune d’elles pour que montent en elle les vagues de la mémoire et les mots pour raconter ce qu’elle croyait oublié comme ce qu’elle sent ou devine. Certaines toiles, empreintes d’une histoire qui n’est pas la sienne au départ, sont tellement proches de sa réalité qu’il lui semble presque avoir vécu tous ces morceaux de vie peints à d’autres époques.

Et la lectrice de Leslie Prince Thompson ne voit rien des minutes qui s’égrènent. Elle est dans son histoire, elle est dans les histoires qu’on lui souffle à l’oreille. Et sa vie va de la sienne à toutes les autres.

Et si un jour quelqu’un s’aventurait à lui dire que ce n’est pas vie que de vivre ainsi, elle lui dirait : Non, ce n’est pas UNE vie. Je ne vis pas UNE vie, je vis MA vie. Et je l’aime.

Les plumes se sont peu à peu détachées de ses ailes et la lectrice de Lusy Voronova n’a plus été en mesure de voler, si bien qu’elle a mis sa vie entre parenthèses.

De plus, chaque jour, ses plumes continuaient de tomber. En même temps que ses rêves s’effritaient.

Elle aurait bien voulu que de nouvelles plumes lui redonnent des ailes. Mais rien ne se passait. Et les pages du livre qu’elle tournait ressemblaient aux pages de sa vie. Elle ne volerait plus. La page se tournait.

Mais c’était sans compter sur l’ingéniosité de ses amis les oiseaux. Eux qui avaient amassé toutes les plumes une à une et qui lui avaient fabriqué des ailes à partir de celles-ci pendant son sommeil. Des ailes qui étaient maintenant prêtes.

Elle volera à nouveau. Dès ce soir.

Le ciel était tellement fabuleux quand je suis sortie du bureau que j’ai eu l’impression qu’il était un cadeau!

Un peu de ciel, un soleil qui se fond dans les arbres… Le bonheur ressemble à ça.

Un peu de couleur fauve pour la pause de l’après-midi, ça vous convient?

Joie! Armando a trouvé un joli coin paisible pour notre promenade de ce midi. Des plans pour qu’on reste là tout l’après-midi…

Et dire que dans quelques heures, dans quelques jours, les feuilles auront disparu. Comment vais-je survivre jusqu’au printemps?

Armando aussi a ajouté un peu de rouge. Je pars donc le cœur rougeoyant de joie, en espérant trouver encore un peu de rouge sur ma route…

Une journée avec autant de rouge ne pourra être que belle, je sens ça…