Des poèmes qui ont cinquante ans 11
J’ai toujours hâte de lire le choix des lectrices du soir. Et je dois avouer que celui de la lectrice de Connie Chadwell ne m’a pas déçue. Elle a tiré de Langage de Michel Garneau un poème qui fait trembler en moi des souvenirs, si bien que je lui ai offert le livre :
j’aurai des années de mélancolie
pour les maisons où nous n’aurons pas habité
pour les champs où nous n’aurons pas conquis le sommeil
perdre son temps :
une mort éclose en chaque minute
dans tellement de vie
qu’on ne sait plus son temps de vivre
et qu’il y vit sans nous
comme une maison où nous n’avons pas dormi
comme un champ où nous n’avons pas habité
chacun est aimé et le sera et son temps aussi
chacun a sa maison où il n’est pas
son champ où il sera