Lali

Elle s’est endimanchée pour l’occasion. On ne vient pas chez Lali autrement, a-t-elle dit. Et j’ai regardé la lectrice de Julius LeBlanc Stewart avec admiration. Comment pouvait-elle tourner les pages avec ses gants? Et pourtant, elle le faisait, comme si c’était là la simplicité même. Et elle est repartie dans la nuit, elle répétait tout haut ces vers de Lisa Carducci extraits de La dernière fois :

Dans l’extase de toi
l’amour abonde l’Être
comme septembres fructueux
débordant de vendanges
tu occupes tout l’espace
et me le laisses entier
l’amour multiplie l’Univers
comme cieux illimités
ignorant l’horizon

Elle caresse la feuille qu’il a touchée, elle touche des doigts l’encre qui a porté ses mots d’amour jusqu’à elle.

Et ce soir, elle n’a pas pas peur de dormir seule. Il est là. À veiller sur elle dans la tendresse du verbe aimer.

*sur une toile de Rémy Hétreau

Est-il normal que je ne supporte pas le brouhaha quand je rentre dans ma tanière? Est-il normal que mes voisins tiennent une partie de leurs conversations avec qui entre et qui sort de chez eux sur le palier à haute voix et qui plus est, pendant un long moment, bien plus long que ne l’exigent des salutations? Est-il normal, de plus, que ça m’exaspère autant de les entendre comme s’ils étaient dans la pièce où je suis?

*sur une carte postale de l’artiste David Alison

Bon conseil de Chantal que celui-là… On aurait pu écraser un trésor!

Quel fabuleux univers que celui de l’artiste Trisha Orr qui se joue des transparences pour nous offrir une collection de livres avec un soin et un angle bien à elle!

Le lecteur de l’artiste roumain Ignat Bednarik semble beaucoup aimer les livres… Et s’il allait un peu voir de ce côté?

La photo de Denise a un an… Je l’avais mise de côté pour les jours où j’aurais envie de faire arriver le printemps… et aujourd’hui c’est le cas!

Probablement que je me tairai. Que je ne raconterai pas que je suis allée examiner de près les bourgeons d’un arbre. Ni que j’ai déposé du pain sur le bord de ma fenêtre pour les merles qui ont élu domicile dans le sapin en face de celle-ci. Ni que j’ai passé du temps dans les pages d’un livre en levant parfois les yeux pour voir si les nuages avaient bougé. Ni que j’ai laissé la fenêtre grande ouverte parce que j’étais heureuse qu’il fasse presque 15 degrés. Oui, probablement que je me tairai. Ces choses-là se vivent, mais se racontent si peu.

*sur une toile de Tisa Mertz

Il restait encore de la neige sur le toit du Gesù, la seule église baroque de Montréal et la première salle de spectacles de la ville, mercredi dernier.

Et tandis que je regardais la neige, une fois de plus je suis entrée dans mes souvenirs. C’est dans ces lieux, du temps où la Nouvelle Compagnie Théâtrale, devenue le Théâtre Denise-Pelletier, y avait ses quartiers. C’est là que j’ai découvert Shakespeare.

C’est dans les marais d’Épisy que Chantal nous entraîne ce matin. Une promenade aux airs de printemps qui se réveille et dont je vous offrirai la suite demain…