Les mots de Francis D. 10
La lectrice d’Antti Rautiola s’est laissée prendre au jeu des mots, aux histoires qui se tissent, aux images suscitées par La longue course de Francis Dannemark. Et c’est sur ce texte qu’elle s’est le plus longuement attardée.
Les étranges fondations de l’espoir
La mémoire, me suis-je dit,
est un architecte qui n’a pas peur des chimères.
De cette épouqe-là, j’ai surtout souvenir d’un parfum
– parce qu’il me rappelait alors quelque chose de ténu,
d’agréable et d’ancien que je croyais perdu –
et d’une image que je n’ai vue que plus tard,
à savoir une photo prise par un inconnu
à un moment où l’histoire n’était pas encore mienne.
Une femme au sortir d’un train venu de loin,
comme l’indiquent des noms de ville derrière elle,
lève les bras au ciel et sourit immensément.
J’ai fini par entendre le tintamarre
de train entrant en gare et par voir
les bras s’ouvrir, les yeux s’allumer.
Or j’étais ailleurs de ce que je faisais
dans cet ailleurs, rien ne demeure.
Il y a dans la vie des moments où tout
marche à l’envers, où le plus important pour soi
se passe dans un endroit où l’on n’est pas.