
Un livre est resté ouvert, attendant la pause de l’après-midi. Elle est là, face à la forêt, loin de tout, dans ses livres, dans ses écrits. Quelques outardes retardataires traversent le ciel à grands cris. Dans une autre pièce, lui aussi est occupé avec les mots. Peut-être qu’un écureuil se pose sur le rebord de la fenêtre tandis qu’il cherche l’adjectif qui se dérobe.
Un livre est resté ouvert. Celui de la pause d’hier ou d’avant-hier. Peut-être n’y toucheront-ils pas, préférant regarder les flammes chacun dans un pull sans forme qui a goût du bonheur. Peut-être auront-ils fait chauffer du lait sur le vieux poêle à bois qui traîne dans cette maison isolée de tout. Ou fait cuire des biscuits qui embaument toutes les pièces.
Un livre est resté ouvert. Qu’ils ne toucheront peut-être pas aujourd’hui, préférant s’enrouler dans la courtepointe le temps d’une sieste aux couleurs de la tendresse. Ou d’une heure ou deux à se bercer de Bach ou de Chopin.
Un livre est resté ouvert. Ils le laisseront peut-être là pour quand ils rentreront d’une promenade où le vent frais les fera se serrer l’un contre l’autre. Où ils l’emporteront avec eux pour que les mots s’envolent au rythme des feuilles qui virevoltent.
Un livre est resté ouvert. Celui qu’ils écriront peut-être un jour dans cette maison qui n’existe que dans leurs rêves.
*sur une toile de Larry Bracegirdle