
Il avait l’âge du petit lecteur peint par Stephen Gjertson.
Huit ans… l’âge où les rêves trébuchent si souvent sur une réalité faite de cowboys et d’Indiens, de ballons qui s’invitent dans la maison, à l’heure de la collation, de quelques rires et de la certitude de devenir le héros d’un roman d’aventures quand on sera grand. Quelquefois, c’est l’âge où, de porte en porte, on tente de vendre des tablettes de chocolat pour pouvoir financer une quelconque activité scolaire. Huit ans… L’âge où on oublie parfois que ce n’est pas l’âge de tous les enfants du monde…
Je l’ai encore découvert, il y deux jours, en ouvrant la porte derrière laquelle se trouvait un enfant souriant timidement à qui je m’apprêtais à acheter chocolat, billet de tirage ou autre babiole qu’il avait dans son sac, quand, à ma grande surprise, il a sorti de celui-ci un magazine des témoins de Jéhovah.
Je n’ai rien contre ces derniers. Ils ont le droit de faire leur sale boulot de nous avertir que la fin du monde est proche. Dans quelques heures, demain, un jour. Comme j’ai le droit de ne pas leur ouvrir, ce que je fais habituellement, puisqu’ils sont reconnaissables à un kilomètre à la ronde. Mais là où je m’insurge, c’est qu’on utilise des enfants pour transmettre le message.
Je trouve cela ignoble, voire immonde. Et si je n’avais pas été au téléphone, je crois que j’aurais enfilé mon manteau pour aller dire ma façon de penser à l’adulte qui devait traîner dans le coin, fort heureux que plus petit que lui se farcisse les escaliers. Usant de celui-ci pour que les portes s’ouvrent afin que l’adulte puisse dire à son « chef d’équipe » que tel nombre de magazines avaient été distribués et ainsi se targuer d’avoir réussi sa « mission ».
« Un enfant, qu’est-ce donc? Un morceau d’amour égaré, un miroir, une victime, un signe du temps en marche », a écrit Francis Bossus. Hélas, ai-je envie de dire à la lumière de mon expérience de samedi matin.