Lali

7 janvier 2013

Les vers de Germain 3

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

Le corps et l’âme

Dieu fit votre corps noble et votre âme charmante.
Le corps sort de la terre et l’âme aspire aux cieux;
L’un est un amoureux et l’autre est une amante.

Dans la paix d’un jardin vaste et délicieux,
Dieu souffla dans un peu de boue un peu de flamme,
Et le corps s’en alla sur ses pieds gracieux.

Et ce souffle enchantait le corps, et c’était l’âme
Qui, mêlée à l’amour des bêtes et des bois,
Chez l’homme adorait Dieu que contemplait la femme.

L’âme rit dans les yeux et vole avec la voix,
Et l’âme ne meurt pas, mais le corps ressuscite,
Sortant du limon noir une seconde fois.

Dieu fit suave et beau votre corps immortel :
Les jambes sont les deux colonnes de ce temple,
Les genoux sont la chaise et le buste est l’autel.

Et la ligne du torse, à son sommet plus ample,
Comme aux flancs purs de vase antique, rêve et court
Dans l’ordre harmonieux dont la lyre est l’exemple.

Pendant qu’un hymne à Dieu, dans un battement court,
Comme au coeur de la lyre une éternelle phrase,
Chante aux cordes du cœur mélodieux et sourd.

Des épaules, planant comme les bords du vase,
La tête émerge, et c’est une adorable fleur
Noyée en une longue et lumineuse extase.

Si l’âme est un oiseau, le corps est l’oiseleur.
Le regard brûle au fond des yeux qui sont des lampes
Où chaque larme douce est l’huile de douleur.

La mesure du temps tinte aux cloisons des tempes;
Et les bras longs aux mains montant au firmament
Ont charitablement la sûreté des rampes.

Le cœur s’embrase et fond dans leur embrasement,
Comme sous les pressoirs fond le fruit de la vigne,
Et sur les bras croisés vit le recueillement.

Ni les béliers frisés ni les plumes de cygne,
Ni la crinière en feu des crieurs de la faim
N’effacent ta splendeur, ô chevelure insigne,

Faite avec l’azur noir de la nuit, ou l’or fin
De l’aurore, et sur qui nage un parfum farouche,
Où la femme endort l’homme en une mer sans fin.

Rossignol vif et clair, grave et sonore mouche
Frémis ou chante au bord des lèvres, douce voix !
Douce gloire du rire, épanouis la bouche !

Chaque chose du corps est soumise à tes lois,
Dieu grand, qui fais tourner la terre sous ton geste,
Dans la succession régulière des mois.

Tes lois sont la santé de ce compagnon leste
De l’âme, ainsi qu’un rythme est l’amour de ses pas,
Mais l’âme solitaire est joyeuse où Dieu reste.

… La grâce de votre âme éclot dans la parole,
Et l’autre dans le geste, aimant les frais essors,
Au vêtement léger comme une âme qui vole.

Sachez aimer votre âme en aimant votre corps,
Cherchez l’eau musicale aux bains de marbre pâle,
Et l’onde du génie au cœur des hommes forts.

Mêlez vos membres lourds de fatigue, où le hâle
De la vie imprima son baiser furieux,
Au gémissement frais que la Naïade exhale;

Afin qu’au jour prochain votre corps glorieux,
Plus léger que celui des Mercures fidèles,
Monte à travers l’azur du ciel victorieux…

Germain Nouveau, Poèmes d’Humilis et vers inédits

*choix de la lectrice d’Alessandro Allori

Porc ou cochon?

Filed under: À livres ouverts — Lali @ 19:06

« Mettre au jour ou mettre à jour? Il paraît que la nouvelle statue du pharaon Fimosis XXVII aurait été mise à jour en Égypte. Saisissons l’occasion de mettre à jour nos connaissances : mettre au jour, c’est déterrer et mettre à la lumière du jour des objets.
Mettre à jour, c’est actualiser un agenda, la réédition d’un ouvrage; on n’imagine tout de même pas un archéologue mettant à jour la Vénus de Milo en lui rajoutant des bras… »

Cet exemple tiré de Porc ou cochon? de Jean-Loup Chiflet nous donne une bonne idée du ton adopté par cet auteur qui n’a plus d’être présenté, amoureux de la langue française et toujours prêt à débusquer les fautes des uns et des autres avec humour. Cette fois, il s’attaque à ce qu’il appelle les faux-semblants, c’est-à-dire des mots ou des expressions qui se ressemblent à un point tel qu’elles sont souvent prises l’une pour l’autre. Hélas. Car cela peut créer de la confusion et parfois même mener à des quiproquos.

Avec des exemples rigolos, Jean-Loup Chiflet met les points sur les « i » et règle une quantité de questions qui surgissent quand vient le temps d’écrire certains mots, si bien qu’au lieu d’appliquer à la lettre le proverbe qui dit « dans le doute abstiens-toi », la plupart des gens passent outre et se disent que les destinataires comprendront quand même. Or, ceux-là n’auront plus désormais aucune excuse. Amont et aval ne sont pas interchangeables. Colorer et colorier ne signifient pas la même chose, et immoral et amoral ne sont pas des synonymes.

Une fois encore, Jean-Louis Chiflet frappe juste. Porc ou cochon? est à sortir à la moindre occasion. Dommage que les repas des fêtes soient terminés! Mais bon, ils seront de retour dans onze mois et demi!

Avec quelques mots…

Filed under: Couleurs et textures,Les trouvailles de Lali — Lali @ 12:34

Avec quelques mots et beaucoup d’imagination, on peut créer un univers. Richard Curtner nous le prouve avec ces quelques scènes livresques. Pour découvrir le reste, c’est ici.

Ce que mots vous inspirent 833

Filed under: Ce que mots vous inspirent,Couleurs et textures — Lali @ 8:00

Le grand bonheur, c’est facile, il suffit de se laisser glisser. C’est comme descendre sur la pente d’un toboggan. Le chagrin, c’est remonter à pied un très long toboggan. (Katherine Pancol)

*illustration d’Igor Morski