
Tout compte fait, j’ai bien fait de ne pas abandonner la lecture de Destin d’Olga Duhamel-Noyer dès l’énorme coquille de départ répétée à quelques reprises au cours du deuxième roman de l’écrivaine, dont les critiques n’ont pas cessé de faire l’éloge depuis sa parution. Même si lire « sèche » plutôt que « seiche » m’a passablement dérangée. Pas au point de trouver le roman sans intérêt. Mais bon. Ça commençait mal.
Destin se situe dans le courant actuel de ces tribus qu’on construit en place et lieu de familles traditionnelles autant dans la littérature qu’hors de celle-ci. À tel point que ce qui paraissait marginal jusqu’à il y a peu de temps encore semble devenir la norme ou à tout le moins semble soulever de moins en moins de vagues, de ce côté-ci de l’océan, puisque c’est loin d’être le cas outre Atlantique. Car il est ici question du sang qui coule dans nos veines, jamais garant de l’amour, de ces familles formées de plusieurs parents, pas toujours biologiques, de cette course pour trouver ses repères dans les dédales de ce qui peut s’appeler le destin, de ces ressemblances et de ces différences qui nous poussent à agir ou à nous immobiliser avant que la vie elle-même nous montre le chemin.
Autour d’Olga, narratrice de ce Destin qui est le sien, c’est un monde éclaté qui se déploie. Les années 80 et celles qui vont suivre vont contribuer à bousculer l’ordre établi, questionner les règles, établir de nouvelles valeurs, prôner une liberté sans frontières et sur tous les plans, tenter de rendre moins rigide le quotidien.
Mais Olga ne dira que ce qu’elle veut dire. Comme si elle nous livrait une confession. Certains détails ne sont pas importants dans la mesure où les liens qu’on bâtit sont plus importants que comment on gagne sa vie. Car Destin traite avant tout des relations humaines, des amours éphémères ou durables, entre femmes, mais pas juste entre elles, d’un enfant qui va apprendre aux adultes à vivre, du SIDA et du temps si précieux qui nous est donné et qu’il ne faut perdre à aucun prix, au risque de brûler ses ailes.
Or, malgré ce regard sans concession et des plus réussis sur les trente dernières années, l’écriture ne m’a pas convaincue. La narration factuelle ne va jamais jusqu’aux questions et les phrases tout en étant correctes ne soulèvent que rarement des émotions chez le lecteur. Pourtant, le sujet est bien développé. Même si la fin est plus que bâclée.
J’attendais davantage du roman d’Olga Duhamel-Noyer, lequel faisait partie de la sélection du Prix des libraires du Québec 2010 après avoir séduit la critique. Ce sont des choses qui arrivent. J’ai tout de même retenu cette phrase qui m’a semblé des plus justes : « J’avais souvent remarqué que les gens qui lisent très peu ont tendance à donner une dimension magique aux rares livres qu’ils ont rencontrés et aimés. »