-Tu fais quoi?
-Je lis.
-Ah!
Je sais bien qu’elle avait envie de s’asseoir, de me parler d’elle, de son soupirant qui ne soupire pas trop en ce moment, de ses soupirs à elle. Je sais. Mais là, en cette minute, je n’ai pas envie d’écouter le babillage de Carina. Là, je me dissimule derrière mon livre. Ou plutôt j’ai fait de lui mon associé contre les intrus. Une sorte d’alibi.
Je fais semblant de lire. Pour l’heure. Ce n’est pas toujours comme ça. C’est plutôt rarement le cas. Mais aujourd’hui, maintenant, en cette minute précise, le livre ouvert sur les genoux, je regarde vers l’est. Et je ne lis pas.
Je regarde vers l’est. Et les images défilent, sans ordre. Certaines un peu floues. D’autres à demi effacées. Les plus nombreuses imprécises. En devenir. Je regarde vers l’est. Et je laisse des traces de mes pas dans ces villes qui m’attendent.
*toile de David Émile Joseph de Noter