
Photo : Julie Désalliers
C’est en 1999 que François Désalliers faisait paraître son premier roman, Amour et pince-monseigneur, chez Québec/Amérique, mais il n’en était pas à ses premières armes en ce qui concerne l’écriture.
« Au Conservatoire d’art dramatique, j’ai reçu une formation de comédien. Mais comme les rôles étaient rares et que je tenais à jouer, j’ai décidé d’écrire mes propres pièces, de les mettre en scène et de les interpréter. C’est donc en écrivant que je suis devenu écrivain. Et en écrivant des romans que je suis devenu romancier. »
Celui qui a été comédien, professeur de théâtre et vendeur pendant une partie de sa vie, vit uniquement de sa plume depuis trois ans. Chichement, oui, mais avec un bonheur incomparable. « Au tournant de la cinquantaine, j’ai enfin pu me consacrer uniquement à ma passion : écrire. Même si je ne vends pas des milliers de livres par an, je continue. Parce que c’est ce que j’aime faire. Parce que j’ai encore des tas d’histoires en tête. Parce qu’un jour je voudrais parler de ma famille, de l’influence qu’ont eue sur moi mon oncle, le comédien Luc Durand, ma tante, l’écrivaine Louky Bersianik, disparue récemment, et bien d’autres. »
J’ai rencontré François Désalliers pour la première fois il y a une une quinzaine d’années. J’ai eu le privilège de lire son premier roman avant qu’il ne soit publié et il m’a accordé au moment de la sortie de celui-ci une entrevue pour Le Messager de Verdun. Malgré le fait que nous nous voyons peu souvent, j’ai suivi sa carrière de romancier de loin, plongeant avec délice dans chacune de ses histoires, l’imagination y occupant une immense place. Du jeune commis-libraire de son premier roman en passant par l’artiste de L’homme café et l’homme prisonnier des pages d’un magazine féminin dans Un monde de papier jusqu’à l’écrivain de son dernier né, Le jour où le mort a disparu, François Désalliers a chaque fois mis en scène des héros qui pourraient être à la limite banals s’ils ne se trouvaient pas aux prises avec une situation hors du commun.
Dans son plus récent roman paru en 2011, le héros est un écrivain et vendeur, trouvé mort dans son sommeil, dont le corps se retrouvera au dépotoir par un concours de circonstances qui donneront bien du mal aux enquêteurs chargés de tirer les choses au clair, ceux-ci croyant davantage à une fugue qu’à un enlèvement. Un héros qui n’est pas sans posséder quelques similitudes avec Désalliers, puisqu’il a lui aussi grandi dans le sud-ouest de Montréal, qu’il a été vendeur et écrivain en même temps, qu’il est père de quatre enfants et qu’il est amoureux de leur mère depuis trente ans.
« Ce n’est pas la première fois que je glisse quelques éléments de ma propre vie dans un roman. Je l’ai fait dans Du steak pour les élèves. Mais ce que je voulais exprimer dans Le jour où le mort a disparu, ce n’est pas tant la mort d’un écrivain, mais la mort de la littérature. Une mort annoncée par toutes sortes d’indices en cours de route. »
Le résultat n’est ni un roman policier, ni un roman d’amour, ni un roman psychologique, mais un amalgame de ces trois genres. Un roman qui constitue un moment de détente des plus agréables en attendant le suivant, à paraître à l’automne 2012.
« Mon roman préféré, c’est toujours celui qui va bientôt paraître ou celui que je suis en train d’écrire. Même si le premier de tous aura toujours une place bien spéciale. Un premier roman, ça change une vie. Mais c’est à partir de trois qu’on peut se dire écrivain. J’ai hâte que les gens lisent La fille du vidéoclub. Je souhaite qu’ils aiment ce livre et que mon éditeur vende beaucoup d’exemplaires », me dit en terminant François Désalliers, tout sourire.
L’écrivain a été homme de scène. C’est à se demander pourquoi nul n’a pensé à utiliser cet aspect de sa personnalité. Souhaitons qu’il défende lui-même les couleurs de son prochain livre. Je pourrais l’écouter pendant des heures. Et, parce que je l’ai lu, j’ai envie de le lire.
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