Lali

22 novembre 2011

Les vers de Marceline 3

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

L’attente

Quand je ne te vois pas, le temps m’accable, et l’heure
À je ne sais quel poids impossible à porter :
Je sens languir mon cœur, qui cherche à me quitter;
Et ma tête se penche, et je souffre et je pleure.

Quand ta voix saisissante atteint mon souvenir,
Je tressaille, j’écoute… et j’espère immobile;
Et l’on dirait que Dieu touche un roseau débile;
Et moi, tout moi répond : Dieu! faites-le venir!

Quand sur tes traits charmants j’arrête ma pensée,
Tous mes traits sont empreints de crainte et de bonheur;
J’ai froid dans mes cheveux; ma vie est oppressée,
Et ton nom, tout à coup, s’échappe de mon cœur.

Quand c’est toi-même, enfin! quand j’ai cessé d’attendre,
Tremblante, je me sauve en te tendant les bras;
Je n’ose te parler, et j’ai peur de t’entendre;
Mais tu cherches mon âme, et toi seul l’obtiendras!

Suis-je une sœur tardive à tes vœux accordée?
Es-tu l’ombre promise à mes timides pas?
Mais je me sens frémir. Moi, ta sœur! quelle idée!
Toi, mon frère! … ô terreur! Dis que tu ne l’es pas!

Marceline Desbordes-Valmore, Poésies

*choix de la lectrice de Joseph-Désiré Court

Un premier roman sensuel et poétique

Filed under: À livres ouverts — Lali @ 19:55

Les grandes passions ne peuvent survivre aux contraintes de la vie, aux obligations, voire à certains secrets. C’est ainsi que pourrait se résumer le premier roman de Katia Lemieux, correctrice et rédactrice à la pige, ainsi qu’artiste en arts visuels, qui a aussi illustré la couverture de son livre.

Cette vérité, nul ne peut l’ignorer. La littérature, comme l’opéra et le cinéma, l’ont exploitée à maintes reprises. Katia Lemieux ne tente pas de nous prouver le contraire dans ce roman mettant en présence, quelque dix ans après leur séparation pour des raisons qui nous seront livrées au fil des pages, un homme et une femme qui n’ont jamais cessé de s’aimer. Malgré les années, malgré la distance, Lila vivant depuis un moment aux États-Unis; malgré le fait que Simon soit marié. « Je l’aime avec la constance que provoquent l’absence et le manque, et la douleur qui se love dans le cœur », écrit Simon, réalisant à quel point il est obnubilé par son amour.

La passion est là. Prête à tout emporter sur son passage. Mais elle ne peut durer. Ils le savent, eux qui n’ont que trois semaines devant eux pour tout vivre, pour tout se dire. Ce qui amène Lila à faire ce constat : « Nous cherchons autre chose, plus que ce que la vie semble disposée à nous offrir, nous nous cherchons nous-mêmes à travers l’autre. Il n’y a que par l’autre que nous puissions accéder à cela : l’oubli de la peine et du vide de l’existence. »

Alors que le lecteur lui aussi est emporté par cette histoire, alors qu’il revit peut-être en parcourant l’histoire de Simon et de Lila un peu de ce qu’il a vécu et qu’il n’oubliera jamais, ou ce qu’il aurait voulu vivre, alors qu’il s’attache à ce couple qui n’a rien à envier à Roméo et Juliette, à Fanny Ardant et à Gérard Depardieu dans La femme d’à côté, et à tous ces amants mythiques auxquels nous faisons sans cesse référence, vient ce moment où Lila explique ce qui s’est passé pour qu’elle parte.

Ah. C’était ça. Juste ça. Vraiment juste ça? J’avoue que j’ai été déçue. Je ne pensais pas qu’il fallait si peu pour troubler de la sorte un tel amour. Mais ce qui est arrivé à Lila, ce qui l’a poussée à tout quitter n’est rien à côté de ce que Simon a fait pour réparer la blessure, chose qu’elle n’a jamais sue, et qu’il a choisi de taire à tout jamais, même s’il lui faut pour éteindre ce souvenir le noyer dans l’alcool.

Ah. C’était donc ça. Et pourtant. L’écriture poétique de Katia Lemieux avait tout pour me plaire. Tout comme la passion entre Lila et Simon, intacte, qui ne pouvait que revivre. Et qui a connu des suites, puisque Simon pensait être en mesure de tout quitter pour la retrouver. Mais il ne passera que quelques jours auprès d’elle avant de fuir, avec son secret. Et pourtant. J’étais déjà conquise. Dans la lenteur des nuits se déroule à Lac-Mégantic, lieu de mes origines, là où sont enterrés mes arrières-grands-parents, là où une rue porte le nom de mon grand-père qui en a été le maire. Et Katia Lemieux décrit à merveille ce lieu, le lac, ses alentours, ses arbres, sa lumière.

Si je puis facilement admettre que le secret de Simon est lourd, tellement lourd qu’il ne pourra que briser ce qui les unit à plus ou moins long terme, je ne trouve pas que celui de Lila justifie à lui seul le départ de celle-ci. Mais c’est le choix de l’auteure. Sa vision. Sa conception des choses, son idée des faits qu’elle a inventés ou dont elle s’est inspirée. Et c’est dommage, car c’est là tout ce qui cloche dans ce roman qui est celui d’une écrivaine qui maîtrise déjà l’écriture, les images et le rythme, d’autant plus qu’elle a choisi le piège du roman à deux voix, celles des deux protagonistes qui, bien qu’elles comportent quelques similitudes, sont différentes dans la mesure où le ton et les préoccupations et la façon d’exprimer celles-ci sont différentes.

Autrement dit, Katia Lemieux signe ici un roman réussi, sensuel et poétique, qui ne peut qu’annoncer des beaux jours à cette native du Lac-Saint-Jean qui a étudié en arts à l’UQAM.

Texte publié dans

Titre pour le Défi Premier Roman

Uxia, 25 ans de carrière

Filed under: Trois petites notes de musique — Lali @ 15:33

Il y a des albums que vous écoutez en boucle. Parce que vous ne pouvez pas faire autrement. C’est le cas de Meu Canto, le nouvel album d’Uxia, chanteuse originaire de la Galice, qui souligne les 25 ans de cette artiste que je vous invite à découvrir et à écouter.
Sans plus de cérémonie, voici Alalás encadeados.

Les couleurs de Bruxelles 4

Filed under: Signé Armando,Vos traces — Lali @ 10:42

Des couleurs offertes par Armando et dont je ne me lasse pas, d’autant plus qu’hier j’ai dû sortir mes gants et un manteau plus chaud…

Ce que mots vous inspirent 541

Filed under: Ce que mots vous inspirent,Couleurs et textures — Lali @ 8:00

Ce n’est que lorsqu’on n’a plus de but dans la vie qu’on est vraiment libre. (Erich Maria Remarque)

*toile signée Henri de Toulouse-Lautrec