« Est-ce que, comme moi, le temps s’enfonce plus il avance? » demande la narratrice de ce récit, qui est peut-être aussi un journal intime ou alors les pages d’un carnet qu’on traîne avec soi afin de noter ce qui nous vient en tête. Car Petite armoire à coutellerie de Sabica Senez, c’est un peu tout ça. Un melting pot, diraient certains, un fourre-tout, affirmeraient certains autres. Et probablement auraient-ils raison. Et c’est ce qui fait qu’on peut ou pas aimer ces phrases qui vous fouettent au hasard des pages. Des phrases comme celle-ci : « Je me suis installée dans une existence volontairement rapetissée, pour être certaine de ne pas me perdre dedans. »
Mais il n’y a pas que de jolies phrases teintées de poésie dans ce récit où la narratrice tente de se reconstruire après une déception amoureuse. Il y a aussi des phrases proches de la langue parlée et pas toujours bien tournées, lesquelles viennent casser le rythme. Volontairement? Peut-être. Mais je n’en ai pas vu l’utilité. Et j’ai préféré, et de loin, les phrases plus poétiques, plus imagées. Comme celle-ci : « J’étais si fatiguée de me retenir de tomber que ma chute m’a fait du bien. »
Puis, j’ai fermé le livre. Petite armoire à coutellerie va me rester en tête longtemps.