Lali

Comme l’hiver leur a semblé long. Non pas qu’ils n’aient trouvé autre chose pour le remplir, loin de là. Il y a eu les bonhommes de neige à décorer, le chien à promener, les lectures au coin de feu. Mais ce n’était pas pareil. Rien n’est identique à leur balançoire où grand-père et petit-fils peints par Jack Sorensen se retrouvent le plus souvent possible. Rien non plus ne peut remplacer ces moments où le petit écoute son grand-père lui lire la même histoire qui, chaque fois, compte plus en plus de détails et est de plus en plus longue. Il est des moments qu’on voudrait ne jamais voir se terminer.

Il restait dans l’air quelque chose de frais, quelque chose qui fait qu’on sait que le printemps est là et que ce n’est pas encore l’été. Quelque chose d’agréable. De suffisamment doux pour que la lectrice de Nicolas Eugène Trouvé profite de ce moment tant attendu. Pour qu’elle ne sente pas sur elle la bise. Parce que les arbres et la lumière étaient bien plus importants et qu’ils donnaient au livre un parfum de plaisir.

Elles attendaient ce jour depuis des semaines. Ce jour où elles porteraient enfin les tenues de printemps choisies par leur grand-mère et qu’elles avaient suspendues en attendant LE jour.

Et celui-ci est enfin venu. Enfin. Et les petites lectrices peintes par Ron Sanders attendent toujours impatiemment. Elles ont hâte de parader devant Mamie.

Ses pas se sont arrêtés. Son cœur s’est mis à faire des bonds. Celle qui avait déserté le parc aux premiers jours de l’automne était à nouveau là. À la même place. Comme si elle n’avait pas bougé de là. Comme si tous ces mois n’avaient pas passé. Intacte et belle dans la lumière.

Et il l’a regardée. Il a regardé la lectrice de Sue Sareen. Et il s’est dit qu’il n’attendrait pas qu’elle s’envole avec les feuilles d’octobre pour lui parler. Pas cette année. Non.

Il fait assez beau pour sortir le hamac rangé depuis des lunes. Celui que la lectrice de Jean Puy sort année après année avec bonheur. Comme si elle retrouvait un vieil ami. Qui, peut-être, attendait lui aussi ces retrouvailles, las de rester caché et seul alors qu’il aime tant la compagnie et le grand air.

Elle avait tellement rêvé de l’herbe tendre, de son odeur qui donne aux mots une espèce de légèreté et de fraîcheur que la lectrice d’I. I. Bolotschikh s’y est allongée. Pour la toucher en tournant les pages, pour la humer tandis qu’elle lit. Pour le bonheur de ce printemps qui s’étale et s’installe enfin quelque part en Europe.

Depuis des semaines, elle a sorti ses châles, ceux du printemps, ceux de la vie qui revient, ceux du bonheur. Depuis des semaines, elle les étale ici et là, sur les chaises, la table et le lit. Comme si cela pouvait faire bouger la nature.

Et peut-être la lectrice de Nikolai Petrovich Bogdanov-Belsky avait-elle raison de le faire, puisqu’en ce beau dimanche, elle qui est ailleurs qu’à Montréal, peut enfin les exhiber tout en lisant et en respirant les fleurs.

Même le chat avait hâte. C’est vous dire à quel point l’hiver a été long pour la lectrice de Lucille De Thomas. C’est vous dire à quel point ces jours de mai étaient attendus. C’est vous dire à quel point le duo est heureux…

Tout l’hiver, le lecteur de Willie Rodger a regardé l’arbre dégarni avec tristesse. Son arbre. Celui sous lequel il passe le printemps, l’été et les premiers jours de l’automne. Son arbre. Celui qu’il a enfin retrouvé en ce dimanche…

Que se racontent-ils? Quels livres sont ouverts? À vous de nous le dire. À vous de raconter en vos mots la petite histoire des lecteurs de Nickolai Kalmykov. Puisque vous avez choisi de continuer l’aventure entamée il y a un an. Puisque vous y avez pris goût, auteurs comme lecteurs. Parce que ce rendez-vous dominical est plus qu’un rendez-vous, c’est un moment de partage entre nous.

Quelle aventure vous livreront les lecteurs de cette semaine? Je laisse ça entre vos mains, comme je le fais chaque fois. Tout en vous donnant une semaine pour que les mots vous viennent.

Suite dimanche prochain. Et d’ici là, bonne semaine à tous!