Certains livres sont déroutants. C’est le cas de Traversée de l’Amérique dans les yeux d’un papillon, le premier roman de Laure Morali, dont on a du mal à suivre le fil, mais dont chacun des épisodes propose un univers qui a quelque chose d’envoûtant.
Pris dans une spirale, le lecteur peut, dès qu’il se rend compte de la forme choisie par la romancière, choisir d’abandonner le jeu qui peut s’avérer déroutant ou suivre sans poser de questions, sans même savoir où cela va le mener sinon que dans des lieux qu’il ne connaît probablement pas. C’est cette dernière option que j’ai choisie, mue par la curiosité, intriguée par la quête de la narratrice à la recherche d’un homme-papillon qui possède les clés d’un royaume où la sagesse est reine, à moins qu’il ne s’agisse d’un papillon fatigué d’être un homme, lequel lui livrera le secret qui la pousse à aller loin, très loin, toujours plus loin. De la Guyane à l’Alaska, en passant par Montréal et de nombreux autres endroits, nous parcourons avec elle les lieux, les mois, les saisons et les rides au coin des yeux, sans savoir ce qui importe, en comprenant au fil des histoires qui s’enchevêtrent que tout importe, finalement. Et que tout n’est que du vent, une poignée de sable ou une vague.
On part toujours sur les traces de quelque chose ou de quelqu’un. On laisse pour cela des traces derrière soi, même si on se retourne pas. C’est ce que raconte peut-être) Traversée de l’Amérique dans les yeux d’un papillon.
À moins qu’il ne s’agisse de ce qu’il va laisser en nous de traces, de regards inachevés, de gestes à peine mesurés, là pour nous faire réaliser la puissance d’un battement d’aile. À moins qu’il ne s’agisse de rien de tout cela et seulement de ce qui vous retiendra de chapitre en chapitre. Vous ne saisirez peut-être pas tout. Ce n’est pas là l’important.
Tout est ailleurs. Dans cette respiration qui émane de certaines phrases de ce roman qui n’est qu’impressions. Dont celle-ci : La fragilité n’est pas un handicap, c’est un don.
Titre pour le Défi Premier Roman