Les extraits de revues 15
Elle est restée là, le regard vague, troublée. La lectrice du peintre britannique Augustus Edwin Mulready sera la dernière à parcourir le numéro 6 de la revue Vagabondages, de laquelle elle a extrait ce poème :
Elseneur
Si je te disais le vent froid et l’appel des bateaux
et les toits verts et les jardins silencieux
là-bas dans ce pays près de la mer
où nous avons vécu les plus lents soirs du monde
Si je te disais les églantines de la plage
le ciel de cendre et les drapeaux du soir
que ferions-nous qui n’attendons plus rien
de l’heure où le ciel est triste comme les graminées
de ces pelouses pâles oh souviens-toi
tu n’avais pas vingt ans je t’assumais la nuit venait
les bateaux blancs passaient au large
Il y avait un parfum d’œillet des dunes
une étoile rose dans le ciel de Suède
et le murmure des vagues sur le sable froid
Si nous retournions là-bas dans ce pays près de la mer
si je voyais dans tes yeux gris mourir le soir
il me semble que plus jamais
je ne pourrais me séparer de ton visage
que plus jamais je ne pourrais quitter ce rivage
tendre et mouillé couleur d’automne.
(Bernard Delvaille)