
Il avait un jour trouvé cette bouteille à la mer dans lequel elle avait glissé un poème. Sans vraiment croire qu’un jour quelqu’un le lirait. Mais parce que. Parce qu’il y avait en elle cette idée romanesque d’un message qui trouverait un lecteur, son lecteur. Qu’il devait y en avoir un quelque part sur cette planète. À l’autre bout de la plage ou de l’autre côté de l’océan.
La bouteille était intacte même si elle avait flotté des années, traversé des tempêtes, vaincu des courants, filant tout droit ou stagnant selon les vents, mais se dirigeant là où elle devait aller parce que celle qui y avait glissé des mots y croyait. Un peu. Juste assez. Sans y penser constamment mais en espérant qu’un jour quelqu’un serait touché par quelques rimes venus de sa nuit.
L’histoire ne dit pas où il trouva la bouteille. Elle ne dit pas non plus combien de temps il mit pour aller à la rencontre de son expéditrice. L’histoire dit seulement qu’il a été touché. Profondément bouleversé.
Elle dit aussi que le jour où leurs yeux se croisèrent enfin, il leur poussa des ailes qu’eux seuls voyaient. Et que depuis, ils volent et sèment des mots d’amour qui virevoltent avant d’atterrir là où ils étaient attendus.
*sur une toile de Leszek Sokol