Lali

Le livre que la lectrice de Tom Benjamin a choisi pour les lectrices des prochains jours est celui de la plus grande poète du Québec. Pas plus, pas moins. C’est-à-dire Anne Hébert. À qui j’ai consacré un billet en novembre 2006.

Le poème que la lectrice a choisi, le cœur troublé et tremblant, est tiré de son recueil Œuvre poétique 1950-1990.

Petit désespoir

Mon cœur est rompu
L’instant ne le porte plus.

serai-je toujours morceau de son univers
celle à qui il lira ses vers
celle dont il dira tu es bonheur
même certains jours de noirceur

serai-je toujours inscrite à même ses mains
lendemain après lendemain

(juillet 2008)

*toile de Marco Lami

Il pleut. Il pleut comme dans certains de mes souvenirs d’enfance. Il pleut sur une plage de Cape Cod, il pleut sur New York, il pleut sur la rivière des Prairies. Et les gouttes tambourinent à la fenêtre. Il pleut comme il pleuvait plus tard dans le quartier chinois de San Francisco. Il pleut comme il pleuvait sur Quiberon un jour de juin. Il pleut comme il pleuvait sur Liège ce jour-là. Et tandis que les gouttes se fracassent contre la fenêtre, toutes les pluies se mélangent. Et bien que penchée sur le livre, comme la lectrice de Jennifer McChristian, je ne vois plus les lettres, je n’entends que la pluie.

Juste pour le plaisir des yeux… et rien d’autre. En plus, je les croise quotidennement : elles ornent les plates-bandes de l’immeuble où je travaille. Bonheur.

Une bibliothèque, c’est un des plus beaux paysages du monde. (Jacques Sternberg)

Je serais plutôt d’accord avec la citation de Jacques Sternberg. Mais le mercredi, c’est à vous que je demande d’émettre une opinion. Tout de suite, si la phrase vous pousse à le faire, plus tard, si vous avez envie d’y réfléchir ou de vous attarder sur la toile de James Robert Davenport. En effet, les commentaires de la catégorie Ce que mots vous inspirent ne seront publiés que dans une semaine, ce qui vous laisse largement le temps.

Alors, d’accord? Pas d’accord? À vous de nous le dire!

C’est à Denise que nous devons une fois de plus les teintes du jour : du blanc tacheté de rouge.

Je me demande si elle n’aurait pas signé en catimini une entente avec un horticulteur de la région pour qu’il lui indique toujours les plus belles fleurs à photographier. Ou elle leur a fait croire que le pays de Lali a des milliers de visiteurs et elles ont cru en ce gros mensonge pour qu’elles se fassent si élégantes…

Combien de manières de dire Je t’aime? Combien de façons de dire Tu me manques alors que la lumière du matin se glisse dans la pièce? Combien de mots à dire et qui restent là au bout des lèvres parce que d’autres les ont dits beaucoup mieux qu’on ne les dira jamais? Combien de gestes de tendresse qui restent figés là alors qu’on ne sait que ceux-là? Combien de caresses sur une nuque qui se perdront? Combien de phrases silencieuses alors qu’on voudrait juste dire Je t’aime?

*sur une toile de Mariano Rodriguez

je t’aime
d’un amour tel que le manque de toi m’empêche parfois de respirer
a-t-elle écrit avant de tenter de retrouver le sommeil.

*sur une toile de Maria von Heider-Schweinitz