Lali

23 juillet 2008

Albert Dreux et le raffinement

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

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Le poème d’Albert Dreux choisi par la lectrice de Pierre Cornu qu’on retrouve dans l’anthologie La poésie québécoise a été publié dans un recueil intitulé Le mauvais passant admirablement bien présenté ici. Puissent ces vers vous plaire autant qu’ils ont plu à la lectrice du jour.

Raffinement

Quand, les sens apaisés et les yeux demi-clos,
Nous sentons, ô très chère, invincible descendre
Le beau calme animal neigeant comme une cendre
Sur le feu clair, ardent, qui flamboyait tantôt,

On est heureux! Le cœur s’endort, tout doucement,
Sans regret, sans frisson; et l’âme sans pensée
On songe aux forces dépensées
Et l’on flotte en un vague anéantissement.

Mais, lorsque nous avons refusé la folie
Et que nous n’avons pas voulu jusqu’à la lie
Boire la coupe entière et fade du plaisir,

Quel bonheur de garder l’aiguillon dans nos veines
Et de sentir toujours, comme un vol de phalène,
Planer autour de nous les oiseaux du désir.

Il ne dormira pas

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 23:16

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Il ne dormira pas. Pas avant, du moins, qu’il n’en ait fini avec cette lettre. Cette missive à la fois pénible comme salvatrice. Mais essentielle. Comme si le seul fait de l’écrire lui révélait ce qu’il s’était refusé de voir avant. Comme si poser les mots côte à côte, presque sans émotion, ou alors d’une émotion toute contenue, lui livrait ses limites, ses incapacités, tout en le ramenant dans le souvenir d’une histoire pareille à celle-ci. Ou qu’il croit ce soir identique.

Celui qui écrit, peint par Franz Eybl, sait qu’il ne dormira pas. Tant qu’il n’aura pas laissé couler dans l’encre de sa plume les mots nécessaires. Pas tant qu’il n’aura pas raturé quelques illusions.

Le coquillage rose

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 22:45

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Ils étaient l’un comme l’autre pétris de blessures anciennes ou récentes. De celles qui laissent des marques et avec lesquelles il faut vivre. De celles qu’on croit cicatrisées et qui s’ouvrent à nouveau, de temps en temps. De celles que l’on garde pour soi, parce que trop intimes, trop révélatrices de nos doutes et de nos failles. De celles qu’on voudrait pouvoir taire.

Ils étaient l’un comme l’autre faits de leurs propres erreurs. De leur enthousiasme qu’on avait giflé. De leur passion pour les petits détails du quotidien qu’ils savaient enjoliver comme personne, parce qu’ils savaient le poids de ces petits bonheurs, eux à qui on les avait si souvent retirés. Sans faire exprès, peut-être. Mais le résultat était le même.

Ils étaient l’un comme l’autre dans un monde qu’ils s’étaient fabriqué de toutes pièces. Pour avoir moins mal. Pour rêver encore un peu. Et parfois, ça marchait. Et même plus, ça pouvait durer des jours ou des semaines avant que quelqu’un, innocemment ou sciemment, ils n’en étaient jamais certains, sortent une aiguille pour percer le ballon qu’ils tenaient à la main.

Ils étaient l’un comme l’autre des enfants qui marchent dans la vie sans penser à demain, des enfants à qui on n’aurait pas appris le calcul mais juste la poésie.

Leurs mains se sont frôlées en voulant ramasser le même coquillage. Quelqu’un raconte même que celui-ci serait enfoui quelque part. Qu’ils l’appellent « notre coquillage ». Mais nul ne sait où et on dit tant de choses.

On sait seulement qu’ils se sont trouvés. Qu’ils ne sont plus seuls. Qu’ils ne seront plus jamais seuls. Qu’ils sont entrés dans une toile de Josephine Ain Chuey et que tout ce qu’ils portaient, tout ce qu’ils portent encore de blessures anciennes ou récentes, font un peu moins mal, parce qu’ils sont deux à les partager. Et que même si d’autres tenteront toujours de mettre du gris là où il y a du rose, par maladresse ou en toute connaissance de cause, ils seront dans un ciel qui aura le rose d’un coquillage dissimulé dans le sable.

Ça durerait des heures ou toute la vie

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 19:33

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Elle serait assise pas loin. Elle viendrait de temps en temps lire par-dessus son épaule et caresser sa nuque. Et puis aussi ses épaules en se collant à son dos. Puis, elle repartirait s’asseoir là, sur le sofa, avec un livre. Et ça durerait des heures ou toute la vie. Et elle serait heureuse que ce soit ainsi. Que l’écrivain de Gordon Binder soit son paysage et qu’elle soit à jamais la première à le lire. Et qu’ils aillent ensemble dormir, serrés l’un contre l’autre dans l’amour et la complicité.

On ne peut pas tout avoir

Filed under: Mon Montréal,Signé Lali — Lali @ 18:21

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Et dire qu’il y a des gens qui roulent en voiture et qui ne voient rien de tout ce que je vois… Ah, ils ne se font pas piquer par les taons en approchant les fleurs de trop près? On ne peut pas tout avoir. Ils ont l’air climatisé et moi j’ai les fleurs et la piqûre.

Du rêve signé Géraldine

Filed under: Signé Lilas,Vos traces — Lali @ 12:22

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Ne me dites pas que vous ne rêvez pas en regardant ces photos prises par Géraldine dans les Alpes, je ne vous croira pas. Pas une seconde… Puisque moi, ça me fait rêver!

Sage conseil, je le répète

Filed under: Mon Montréal,Signé Lali — Lali @ 8:08

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Je le redis, sage conseil que celui de Denise. Imaginez le pire. Je ne l’aurais pas écoutée, j’aurais raté ce merveilleux spécimen. Je m’en mordrais les doigts jusqu’à la fin de mes jours, c’est certain!

Ce que mots vous inspirent 39

Filed under: Ce que mots vous inspirent,Couleurs et textures — Lali @ 8:00

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L’amour, ce n’est pas faire des choses extraordinaires, héroïques, mais de faire des choses ordinaires avec tendresse. [Jean Vanier]

La lectrice de George Morland est un peu songeuse. Elle est par hasard tombée sur cette phrase avec laquelle elle est assez d’accord, mais elle se demande si elle est la seule à l’être. C’est pourquoi elle a cogné à ma porte afin que je la dépose ici. Pour avoir vos impressions. Pour ce que mots vous inspirent.

Et la phrase restera là une semaine. Le temps que vous y songiez. Que vous puissiez écrire sans pression. Et mercredi prochain, nous saurons si celle-ci a été source de mots ou pas…

Denise suit ses propres conseils

Filed under: Vos traces — Lali @ 7:24

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Il semblerait que Denise suive ses propre conseils. En effet, elle a attaché son appareil photo à son poignet pour qu’il la suive partout. Bonne idée, je trouve!

Où qu’il soit, où que je puisse être

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 6:07

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Il sait toujours où me trouver et je sais toujours où il est. Et où qu’il soit, il est avec moi, et où que je puisse être, il m’accompagne. Dans mes rêves, comme dans ce champ désert où la lectrice de Valentin Luydvik tourne les pages. Dans cette ville que je ne connais que par ses yeux ou dans celle où il a laissé ses pas. Dans le jour qui se lève comme dans la nuit aux mille étoiles.

« Deux étions et n’avions qu’un cœur », a écrit François Villon.