Ils étaient l’un comme l’autre pétris de blessures anciennes ou récentes. De celles qui laissent des marques et avec lesquelles il faut vivre. De celles qu’on croit cicatrisées et qui s’ouvrent à nouveau, de temps en temps. De celles que l’on garde pour soi, parce que trop intimes, trop révélatrices de nos doutes et de nos failles. De celles qu’on voudrait pouvoir taire.
Ils étaient l’un comme l’autre faits de leurs propres erreurs. De leur enthousiasme qu’on avait giflé. De leur passion pour les petits détails du quotidien qu’ils savaient enjoliver comme personne, parce qu’ils savaient le poids de ces petits bonheurs, eux à qui on les avait si souvent retirés. Sans faire exprès, peut-être. Mais le résultat était le même.
Ils étaient l’un comme l’autre dans un monde qu’ils s’étaient fabriqué de toutes pièces. Pour avoir moins mal. Pour rêver encore un peu. Et parfois, ça marchait. Et même plus, ça pouvait durer des jours ou des semaines avant que quelqu’un, innocemment ou sciemment, ils n’en étaient jamais certains, sortent une aiguille pour percer le ballon qu’ils tenaient à la main.
Ils étaient l’un comme l’autre des enfants qui marchent dans la vie sans penser à demain, des enfants à qui on n’aurait pas appris le calcul mais juste la poésie.
Leurs mains se sont frôlées en voulant ramasser le même coquillage. Quelqu’un raconte même que celui-ci serait enfoui quelque part. Qu’ils l’appellent « notre coquillage ». Mais nul ne sait où et on dit tant de choses.
On sait seulement qu’ils se sont trouvés. Qu’ils ne sont plus seuls. Qu’ils ne seront plus jamais seuls. Qu’ils sont entrés dans une toile de Josephine Ain Chuey et que tout ce qu’ils portaient, tout ce qu’ils portent encore de blessures anciennes ou récentes, font un peu moins mal, parce qu’ils sont deux à les partager. Et que même si d’autres tenteront toujours de mettre du gris là où il y a du rose, par maladresse ou en toute connaissance de cause, ils seront dans un ciel qui aura le rose d’un coquillage dissimulé dans le sable.