Le poème d’Alphonse Beauregard
On lui avait parlé des trésors de la poésie québécoise. On lui avait vanté les auteurs, des plus connus aux oubliés. Mais la lectrice de Miriam Cojocaru ne pouvait imaginer dans quel univers elle allait plonger. À quel point elle serait ému. Par les vers des poètes. Par un d’Alphonse Beauregard, en particulier.
Marine
L’eau terne enserre les dragues
Dans un bassin de mercure
Où nage, sombre teinture,
La fumée aux gestes vagues.
Régulière, la fumée
Cherche à tâtons le ciel morne,
S’arrête et crée une borne.
C’est ma vue accoutumée.
Les pinces des dragues plongent,
Avec un bruit diabolique,
Dans le bassin métallique
Qu’incessamment elles rongent.
Fleuve et ciel sont uniformes.
C’est à perdre l’équilibre
Et voir dans l’espace libre
Creuser les engins énormes.