Lali

25 juillet 2008

Le jardin de Medjé Vézina

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

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La lectrice de Johan Bernhard De Hoog a été ensorcelée par les mots de Medjé Vézina, découverte par hasard dans l’anthologie La poésie québécoise et publié pour une première fois dans Chaque heure a son désir dont il est mention ici. Ensorcelée, vous dis-je. Le serez-vous aussi?

Jardin sous la pluie

Que je t’aime ce soir, musical Debussy,
Ô clair évocateur de ces jardins exquis
Où l’urne d’un nuage vient abreuver les roses.
Il pleut sur le jardin; les papillons moroses
Dorment leur cauchemar où veille le regret.
Le bolet, frissonnant dans l’air devenu frais,
Rabat son capuchon. Faisant un bruit de soie,
Les tiges sont des bras où circule la joie.
L’heure a tu le cri vert des oiseaux persifleurs.
L’arbuste, dont l’épaule est un amas de fleurs,
Secouant ses parfums, comme une oreille, écoute
Vibrer les entrechats de la nombreuse goutte.
L’herbe qui méprisait le soleil outrageant,
Se voit envelopper dans un ballet d’argent.
Ah! la ronde de joie où la feuille chavire!
Emmêlement d’odeurs, de frissons, de délire!
Un pétale fléchit, se renverse épuisé,
Petite bouche ayant reçu trop de baisers.
Car le cœur de la pluie est bien loin d’être sage!
L’allée et le gravois, le sol, le paysage
Croient voir se jouer un opéra libertin.
Mais la pluie inlassée assaille le jardin,
Où le désordre fou de ses pas qui s’embrouillent
Fait crever de plaisir la vasque et les gargouilles.

amour des mots, amour de nous

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amour des mots
amour de nous
sur nos peaux
ces rendez-vous
où les deux nous appellent
où ils s’entremêlent
désir des sens
de quelques pas de danse
sur le fil étroit
qui va de toi à moi
de moi à toi

(juillet 2008)

*toile de Stephen James

Elle se croit seule

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 21:47

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Elle se croit seule. Elle n’imagine pas une seconde que des yeux puissent être braqués sur elle, à l’espionner, à examiner ce qu’elle lit. Elle se croit seule. Et pourtant. Il n’y a pas que cet intrus à la regarder ainsi. Ils sont nombreux à poser leurs yeux inquisiteurs sur elle. Sur lui. Sur eux. Par jalousie, par envie, par cette pulsion de détruire ce qui est beau qui est la leur. Car il y a toujours quelque part, quelqu’un, qui ne sait que briser, qui ne sait que détourner les propos, qui tente de se justifier en jetant le blâme sur les autres, qu’il soit dans une toile de John Calcott Horsley ou ailleurs. Il y a toujours ici, là-bas, autre part, des êtres mesquins qui se nourrissent de la joie des autres. Il y a toujours quelqu’un derrière une fenêtre à attendre que nous tombions.

Elle se croit seule. Je ne lui dirai rien de tous ces êtres malfaisants. Je ne dirai rien. Elle n’en a que faire : bien des livres valent davantage que tellement d’êtres humains. Hélas. Ou heureusement.

Dix lettres pour un constat

Filed under: À livres ouverts — Lali @ 20:58

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Quand on entre dans les Lettres à Sandra de Vergilio Ferreira, on a un curieux sentiment de voyeurisme et on ressent une espèce de malaise qui ne cesse de s’aggraver. Probablement que parce que là où nous entraîne Paulo, le narrateur et l’expéditeur des lettres, est un chemin qu’on ne connaît pas. Une incursion dans l’intimité. Dense. Étouffante. Et pourtant, on ne peut quitter ce livre, tant il est prenant, tant l’écriture est intense et belle, et tout cela malgré l’inévitable constat auquel nous nous verrons confrontés au fil des pages.

Ces Lettres à Sandra sont celles d’un homme à celle qui n’est plus, enlevée par la maladie. Celles d’un bilan, celles d’une vie qui n’était pas celle qu’il aurait souhaitée, celles de deux solitudes. L’homme qui les écrit, en l’occurrence un écrivain, est peut-être un peu amer. Il s’est muré dans une solitude pour ce qui sera la dernière chose qu’il écrira : des lettres à la disparue. Des lettres qui n’étaient pas destinées à la publication, comme l’annonce Xana, sa fille, en guise d’avant-propos, mais qu’on lui a demandé de faire publier.

Des lettres où il se rend compte que deux êtres s’aimaient dans une certaine forme de devoir. Du moins elle. Et que là où il aurait voulu légèreté, elle était toujours grave. Et que toute sa fougue, toute sa joie de vivre, l’une comme l’autre, il les a contenues toute sa vie pour ne pas déplaire à Sandra. Triste constat d’un homme qui va mourir et qui a le sentiment d’avoir échappé à la vie. Ou de ne pas avoir été celui qu’il aurait fallu à Sandra.

« Tu as toujours eu la mesure exacte des choses sans la moindre chaleur comme dans une géométrie. Tu passais devant moi et je m’enroulais dans ma douleur », écrit-il dans la troisième lettre. Et cette phrase nous blesse autant qu’elle blesse celui qui l’a écrite. Comme nous blessent aussi tant d’autres écrites par un homme qui aimait tant la musique, alors qu’elle ne l’aimait pas, qui écrivait des textes auxquels elle ne s’intéressait pas. Tout cela était si futile à côté de l’ordre d’une maison, de l’éducation d’une enfant et du regard que les autres posent sur nous de l’extérieur. Même le désir était devoir auquel elle se pliait, ça faisait partie du contrat.

Et toute sa vie, Paulo n’a fait qu’une chose : l’aimer de toute son âme et tenter de la rendre heureuse. Ces lettres nous disent qu’il n’a pas réussi. Et qu’il mourra avec ce sentiment d’échec sur une phrase incomplète. Et qu’il n’a pas plus été heureux qu’elle. Sinon à quelques reprises, dans une vie où tout les séparait, mais une vie commune et ordonnée où chacun vit l’un à côté de l’autre. Sans se demander ce que serait une autre vie.

Voilà plusieurs semaines que j’ai terminé la lecture du roman de Vergilio Ferreira et il me hante toujours. Je crois que je m’étais attachée au personnage de Paulo.

C’est plus fort que moi

Filed under: Mon Montréal,Signé Lali — Lali @ 12:15

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C’est plus fort que moi. Dès qu’une fleur me fait des signes, j’accours. En oubliant parfois de regarder où je mets les pieds, mais c’est une autre histoire… Tant que la photo est réussie, le reste ne compte pas!

La lessive de Jody

Filed under: Vos traces — Lali @ 10:03

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Et si le bonheur, c’était ça? Une fillette artiste qui fait de sa lessive un tableau? Il faudra demander à Cath, la photographe et la fière maman de notre impressionniste.

Resplendissantes!

Filed under: Vos traces — Lali @ 8:56

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Denise a décidé de mettre de la lumière au pays de Lali aujourd’hui. Les fleurs du jour sont tout simplement éclatantes de luminosité! Je dirais même plus (comme Dupont et Dupond) : elles sont resplendissantes!

Ce n’est pas une abeille!

Filed under: Signé Armando,Vos traces — Lali @ 7:36

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J’ai eu quelques secondes de frayeur devant la photo prise par Armando. Quelques secondes, seulement. Ce n’est pas une abeille, heureusement : les piqûres peuvent parfois faire mal.