Ça ne lui est pas apparu tout de suite. Il a fallu plusieurs livres. Il a fallu des phrases, des mots, des points de suspension, aussi. Mais la lectrice de Victor Zhuravlev a su.
À un rêve qu’on vient de concrétiser, à un rêve qui nous porte et qui restera à jamais gravé, il faut en ajouter un nouveau. Le préparer. Et le fait de savoir qu’elle entrait dans un nouveau rêve l’a rendue heureuse. Infiniment heureuse.
Celui-ci de Géraldine. Tout aussi tendre que celui de Denise. Et avec ce même sens du partage puisque notre amie le partage elle aussi avec nous. Pour notre plus grand ravissement.
Un peu de blanc, mais pas de la neige! Quel bonheur de le voir s’étaler dans le Genève de Denise. Quel bonheur aussi ce sens du partage qui est le sien et dont nous profitons presque quotidiennement.
Une fois encore, la lectrice d’Henri Lebasque a retrouvé le recueil de Marie Uguay. Une fois encore, elle a laissé son regard se poser sur les mots. Une fois encore, elle s’est endormie en laissant là L’outre-vie pour nous.
Le goût d’aimer m’en revient au palais
avec des capitulations de plaisir
des balancements de jours contraints
que de glissements en sourires
hier pour une seule conversation reposée
et maintenant encore la même fièvre saisonnière
les mêmes eaux tranquilles au dedans des mêmes lèvres
Je veux m’endormir dans le lit de tes yeux (Rosa Alice Branco)
La lectrice de Maureen Hyde a trouvé la phrase soulignée dans le livre qu’il lui a offert. Il me semble l’avoir vue sourire. Et peut-être même verser une larme.
Il trouvera toujours le détail qui la fera s’émouvoir.
Il laisse traîner des mots. Parfois des poèmes, d’autres fois des phrases éparses, des lettres, des extraits de livres qu’il aime, des morceaux de sa propre histoire et de celle des autres. Il laisse traîner des mots. Qu’elle lit avec l’avidité de celle qui aime ses mots, de celle qui aime tout court, de celle qui l’aime.
Et ses mots sont caresses sur sa peau. Et ses mots sont images de tendresse. Et ses mots sont des oiseaux qui s’envolent, des pas sur la plage, des fleurs qui s’épanouissent, des souvenirs qu’on ne voudrait jamais voir périr, la lune qui éclaire et le goût d’un baiser qu’on ne voudrait jamais voir se terminer.
Il laisse traîner des mots. Et la lectrice de Robert Linder, jour après jour, se laisse porter par eux.
Les marronniers sont en fleurs à Genève. La preuve est ici même, ne cherchez pas ailleurs. Photographiés par Denise samedi dernier. En pleine lumière. Pour notre ravissement.
Elle a mis son chapeau des grands jours. Mais où va-t-elle si tôt un jour de semaine? Y a-t-il quelque chose que nous devrions savoir, ont demandé les commères du coin, toujours avides de ce qui se passe chez leur voisine qui n’a toujours pas de mari à trente ans. Y aurait-il anguille sous roche?
Elle va s’asseoir sur le banc du parc. La lectrice de Louis Anquetin s’amuse. Elle a bien vu leurs petits jeux. Elles les a vues derrière leurs rideaux. Et elle a déplié son journal. Elle va bien les laisser mariner une heure avant de rentrer chez elle. Pendant qu’elles sont si occupées à l’épier, elles n’ont rien vu de l’homme qui est entré chez elle.
Je lui offrirai pour le matin de ses 18 ans une fleur qui se dresse dans la lumière, s’étalant comme au premier jour de la vie, comme au premier jour de sa vie. Je lui offrirai une photo d’Armando à elle qui rêve de devenir photographe. Je ne lui raconterai pas d’histoires. Je ne lui dirai pas que tout est toujours rose. Ni gris. Je lui dirai que le ciel est surtout bleu, qu’il y a parfois des nuages. Je lui dirai qu’elle doutera et qu’il faut douter. Je lui dirai surtout que je l’aime, même si je suis beaucoup absente depuis quelque temps. Je lui dirai qu’une filleule comme elle, c’est le plus beau des cadeaux, c’est un poème en soi.
Et je la laisserai écouter Yves Duteil chanter Les dates anniversaires tandis que je murmurai à son oreille alors qu’elle est sûrement au pays des rêves : Sois heureuse, Ève.
J’ai un profond respect des dates anniversaires
Ces portes que le Temps dispose autour de nous
Pour ouvrir un instant nos cœurs à ses mystères
Et permettre au passé de voyager vers nous.
Je suis toujours surpris par les coïncidences
Qui nous font un clin d’œil du fond de leur mémoire
En posant des bonheurs sur les journées d’absence
Et nous laissent à penser que rien n’est un hasard
Peut-être est-ce un moyen lorsqu’ils se manifestent
Pour ceux qui sont partis dans un autre univers
De nous tendre la main par l’amour qui nous reste
Pour nous aider parfois à franchir des frontières
Est-ce nous qui pouvons au travers de l’espace
Influencer ainsi la course des années ?
Ou serait-ce un lambeau de leur chagrin qui passe
En déposant des fleurs sur le calendrier ?
Il existe en tous cas dans les anniversaires
Une part de magie qui fait surgir d’ailleurs
Les visages ou les mots de ceux qui nous sont chers
Des êtres qui nous manquent et dorment dans nos cœurs
Ils sont là quelque part pour un instant fugace
Et dans les joies souvent qu’ils partagent avec nous
Se rendorment certains que rien n’a pris leur place
Et que leur souvenir nous est resté très doux
Sans amour notre vie n’est plus qu’un long voyage
Un train qui nous emporte à travers les années
Mais celui qui regarde un peu le paysage
Ouvre déjà son cœur pour une éternité
Au delà des paroles et de la bienveillance
Il existe des voies difficiles à cerner
Faites de souvenirs, d’amour et de silence
Et que bien des savants vous diront ignorer
Elles sont un privilège au cœur de la souffrance
Un baume pour les jours qu’on ne peut oublier
Qui pourraient avoir l’air d’être sans importance
Mais qui soignent des plaies difficiles à fermer
J’ai un profond respect des dates anniversaires
Ces portes que le Temps dispose autour de nous
Pour ouvrir quelquefois nos cœurs à ses mystères
Et permettre au passé de voyager vers nous
Pour ouvrir quelquefois nos cœurs à ses mystères
Et permettre au présent de nous sembler plus doux.