Comme chaque fois que j’ai lu un roman de Philippe Besson, j’ai été séduite par l’écriture et la manière qu’a l’auteur d’entrer dans l’intimité de ses personnages, avec la bonne dose de pudeur et de retenue. Mais. Car il y a un mais. La trahison de Thomas Spencer reste une bien mince affaire, dont l’issue est aussi prévisible que des gouttes de pluie après un coup de tonnerre. Hélas.
Dès les premières pages, Thomas, le narrateur, annonce que ça va mal finir. Étant donné le titre et la culpabilité qu’il affiche, il ne fait aucun doute qu’il est celui qui trahira l’amitié qui unit deux faux frères nés le même jour, aussi proches que des frères peuvent l’être, Thomas vénérant littéralement Paul, plus grand, plus fort, plus habile que lui.
Nés ce jour fatidique d’août 1945 où une bombe a anéanti Hiroshima, Thomas et Paul font connaissance enfants alors que le premier débarque au Mississippi avec sa mère. De ce jour jusqu’à l’issue fatale, les enfants seront inséparables tout comme les adolescents qu’ils deviendront. Plus tard viendra la séparation alors que Paul partira pour le Vietnam tandis que Thomas restera. C’est d’ailleurs à ce moment qu’arrivera la trahison. Prévisible, tellement prévisible, sauf pour ce qui en découlera.
Autant la trame est mince, très mince, et je le redis, autant les personnages sont admirablement bien campés et autant le portrait de l’Amérique des années 50 et 60 est brossé avec justesse. C’est là la force du roman. C’est là aussi son intérêt : des personnages qui prennent leur envol à mesure que le pays sort de son puritanisme. Le roman de Philippe Besson a donc, malgré tout deux atouts : un climat et une écriture. Est-ce suffisant ou pas? À vous de juger.