Lali

13 septembre 2014

Les vers de Rabah 1

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

JOHN (Augustus) - 5

nous à la frange de l’aube
l’imagination comme une brume tourne ses pages
avec un pépiement de jeune oiseau

de nouveau le rêve se perd à peine effleuré
ne laissant sous la paume qu’une trace de plume
l’énigme est toujours là
l’interrogation s’apaise

le sommeil est déjà loin
je remonte le drap
et je me love dans un vœu de poème
ton bras sur ma poitrine

Rabah Belamri, Pierres d’équilibre

*choix de la lectrice d’Augustus John

Voyage en train un peu fade

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 20:48

Du train où vont les choses à la fin d’un long hiver est une longue conversation entre deux inconnus dans un train en direction de Lisbonne. Pour tuer le temps. Pour dire tout haut ce qu’on n’ose pas dire tout bas, justement parce qu’on sait que l’autre est de passage et que les confidences s’arrêteront quand le train sera arrivé à destination.

Christopher, en est à l’heure des bilans, Emma aussi, en quelque sorte. Et ce qu’ils vont se dire ne changera pas le cours de leur vie, ils le savent bien. Mais il faut bien meubler le silence et trouver dans le regard de quelqu’un qui ne sait rien de soi quelque assentiment pour que tout prenne un sens.

Mais tout cela a quelque chose de plat et d’inutile, et de tellement moins réussi que Choses qu’on dit la nuit entre deux villes, dont le sujet est quasi le même, une rencontre entre deux inconnus, qui ne connaîtra probablement pas de suite. Car il y avait dans celui-ci un souffle, un ton, un regard, une poésie qui sont absents de ce voyage en train ou, du moins, qui se révèlent un peu fades quand on compare les deux romans publiés à vingt ans d’écart.

Mais qui n’a pas lu cette conversation entre deux étrangers réunis à l’occasion d’un mariage auxquels ils sont invités trouvera peut-être dans l’échange entre Christopher et Emma quelque chose qui le touchera.

Quant à moi, je compte bien vite oublier ce livre pour ne me rappeler que les autres romans de Francis Dannemark qui m’ont émue, attendrie, parfois bouleversée, dont Choses qu’on dit la nuit entre deux villes.

Il vaut mieux lire qu’entendre ça 15

DUCREUX (Catherine) - 6

Avec le nombre d’inepties de toutes sortes entendues depuis une semaine, il est temps que j’alimente cette rubrique quelque peu délaissée depuis trois ans pour y déverser celles-ci, car il vaut parfois mieux se taire et ouvrir un livre au hasard quand on a droit à des horreurs que de mettre de l’huile sur le feu.

Il vaut mieux lire qu’entendre ça reprend donc du service pour les besoins de la cause. La cause? Quelle cause? Dénoncer les préjugés, les affirmations sans fondement, les jugements à l’emporte-pièce, les faussetés galvaudées de toute part, sans pour cela les régler. Mais pour s’en libérer.

Ainsi, il y a quelques jours, j’ai ouvert le dictionnaire pour chercher n’importe quel mot au hasard pour éviter d’exploser. Je venais une fois de plus d’entendre une ineptie. Un jugement de valeur bâti sur de l’air et des préjugés. Le genre de phrase toute faite que certaines personnes ont facilement aux lèvres et qui me fait ordinairement sortir de mes gonds.

J’ai donc appris entre deux bouchées de salade qu’un certain G., acteur bien connu, allait épouser une avocate d’une quinzaine d’années sa cadette. Il en avait fini avec les serveuses de restaurant. Tout de même, un acteur comme lui, ça vaut mieux qu’une serveuse! Et une avocate, c’est nettement mieux qu’une serveuse.

Bien entendu. Mais où ai-je la tête? C’est là une évidence… évidente. Pour elle. Elle qui a oublié que l’acteur en question a été plongeur à une certaine époque. Qu’il a eu de la chance. Et que les qualités du cœur n’ont rien à voir avec le métier qu’on fait, le salaire ou le standing.

Je me suis tue. Le dictionnaire venait de confirmer ce que je savais déjà. Ma collègue est bel et bien une snob, soit quelqu’un « qui affecte et admire les manières, les opinions qui sont en vogue dans les milieux qui passent pour distingués et qui méprise tout ce qui n’est pas issu de ces milieux ».

Une avocate mieux qu’une serveuse? Il vaut mieux lire qu’entendre ça.

*sculpture de Catherine Ducreux

Le rosier

Filed under: La carte postale du jour — Lali @ 12:00

Illustration - artiste inconnu

Alice au pays des merveilles est de tous les livres que j’ai lus enfant celui dont je conserve le pire souvenir tant sa lecture a été traumatisante. Ainsi, pendant longtemps, j’ai eu peur de tomber dans un trou, si bien que j’évitais de frôler les murs des maisons. J’ai même eu la trouille des lapins. C’est tout dire, non?

Pourtant, cette carte envoyée de Chine illustrant une des aventures du célèbre conte de Lewis Carroll me semble bien inoffensive…

Nous le saurons demain!

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 8:00

MUCKENSCHNABL (Herbert) - 7

Elle a encore vingt-quatre heures devant elle avant la publication des textes, mais elle a préféré s’y mettre tout de suite. La toile de la semaine vient de lui révéler son secret.

Et à vous, que dit-elle, cette toile? Nous le saurons demain!

*toile signée Herbert Muckenschnabl