Les vers de Letitia 4
j’écris dans une nouvelle langue
une langue qui n’est pas la mienne
une langue que j’aime comme tout ce qui ne m’appartient pas
j’en prononce les paroles à haute voix
je m’en grise je renonce je persévère
ma joie mon amour ma souffrance sont-ils autres?
le poème est-il un enfant adopté?
j’écris dans une nouvelle langue
je la murmure je la caresse comme un petit chien
lentement elle vient m’habiter
elle se glisse dans mon esprit
elle commence à y bâtir des forteresses
à mon insu
ma joie mon amour ma souffrance
y sont mes enfants sans nom
Letitia Ilea, Apprivoiser le silence
*choix de la lectrice de Véronique Didierlaurent